MACSF
Le 26.09.2023
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Notre série spéciale
Prise en charge et accompagnement des patients en établissement de soins
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N’entrent donc pas dans le champ de cette étude les déclarations faites par les cliniques à titre conservatoire, en cas d’évènement dommageable susceptible de faire rechercher leur responsabilité mais pour lesquelles aucune réclamation n’a encore été formulée (exemples : demande de dossier médical, saisine de la Commission Des Usagers (CDU)).
Lors d’une déclaration de sinistre, la clinique nous informe d’une réclamation faite par un demandeur recherchant sa responsabilité pour des dommages subis.
Cette responsabilité peut être recherchée du fait d’un acte de soins (garantie "Responsabilité Civile Professionnelle") ou en dehors d’un acte de soins (Garantie "Responsabilité Civile Exploitation"). A titre d’exemples, il peut s’agir d’une chute dans un couloir ou de blessures avec une porte à ouverture automatique.
La MACSF peut être amenée à indemniser la victime pour ses préjudices matériels (exemples : bris de lunettes, perte de prothèse auditive) et/ou corporels (exemples : souffrances endurées du fait de l’accident, pertes de salaire à la suite d’un arrêt de travail imputable à l’accident).
Il peut également s’agir de déclarations afin de bénéficier de la garantie "Protection Juridique". La clinique sollicite la MACSF afin de bénéficier d’informations juridiques et d’une assistance dans sa défense (exemple : clinique mise en cause par un salarié devant le Conseil des Prud’hommes).
Il peut enfin être question de bénéficier de la garantie "Dommages Aux Biens" (DAB) lorsque les locaux, du matériel (exemples : pupitre IRM, barrière automatique d’un parking) ou des marchandises appartenant à la clinique (exemple : stock de médicaments) ont été endommagés à l’occasion d’un accident (exemples : dégât des eaux, événements climatiques spécifiques).
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Le nombre moyen de sinistres déclarés par clinique assurée, en 2022, est de 0.61. Ce chiffre global est très inférieur aux années antérieures et s’explique par une modification du portefeuille. L’entrée d’un nombre conséquent de structures proposant des parcours de soins dits de moyen séjour (soins de rééducation notamment) modifie de fait cette donnée statistique au motif d’un risque médical moins important.
Pour une comparaison plus objective aux années précédentes, et en reprenant les mêmes critères statistiques, le nombre moyen de sinistres est de 2.18, soit un ratio sensiblement plus important que les années précédentes (1,88 en 2021).
Si l’on s’intéresse à la répartition de cette sinistralité selon la garantie mise en œuvre, nous constatons que :
En 2022, la majorité des déclarations (56,59 % ou 103 dossiers) est donc en lien avec un dommage corporel. Cette tendance se vérifie chaque année et tient aux implications financières que génère un dommage corporel chez une victime, et notamment les possibles pertes de revenus à la suite d’un arrêt de travail.
Les accidents générant des dommages corporels restent très majoritairement consécutifs à un acte de soins. A l’inverse, la responsabilité de la clinique liée à l’accueil du public dans ses locaux (patients, visiteurs, employés) est peu recherchée. Ce constat est conforme au risque lié à l’activité médico-chirurgicale et se vérifie ces dernières années de manière constante.
Les 103 déclarations à l’origine de séquelles corporelles chez la victime relèvent de 4 origines différentes :
On dénombre encore cette année des problématiques organisationnelles, qui restent modestes en nombre, mais qui sont évitables : un oubli de corps étranger (textile) et une erreur de côté lors d’interventions chirurgicales.
Pour cette typologie de sinistre, le dossier ouvert est très souvent lié à la prise en charge médico-chirurgicale du patient par le praticien. En principe, sauf si une faute de la clinique dans l’organisation du soin ou une faute d’un membre de l’équipe paramédicale salarié de l’établissement est établie au cours de l’expertise, la responsabilité de la clinique ne devrait pas être retenue. Sous réserve que le médecin exerce bien à titre libéral (puisque ce dernier est personnellement responsable des conséquences dommageables de son activité professionnelle).
Les périmètres de responsabilité ne sont pas toujours aisés à déterminer. Les organisations médicales se complexifient avec la multiplication des techniques médico-chirurgicales nouvelles. Les interactions entre les différents acteurs, induisant potentiellement des responsabilités partagées pour défaut d’organisation du service/secteur de soins, ou d’une faute du personnel soignant (salarié de la structure de soins) mis à disposition du chirurgien/médecin sont complexes à déterminer. C’est l’expert missionné qui évaluera s’il existe un manquement du ou des praticiens ayant pris en charge le patient.
Les frontières entre ces différents périmètres de responsabilité ne sont pas perçues par le patient qui reçoit des soins dans le cadre d’une prise en charge globale et va spontanément mettre en cause la responsabilité de l’établissement qui l’a accueilli. Il considère la structure de soins comme le garant de la sécurité des soins reçus durant son parcours. Ceci met donc en évidence la confusion souvent présente dans l’esprit des personnes prises en charge quant à l’organisation interne du soin entre les différents intervenants et les structures juridiques existantes.
Ce point est d’autant plus marqué que l’organisation de soins apparait opaque pour les patients. De nombreux établissements de soins proposent aux praticiens libéraux de consulter au sein de l’établissement de santé afin de proposer aux malades une unicité de lieu [consultation – examens complémentaires (laboratoire de biologie médicale – imagerie médicale) – secteur d’hospitalisation]. On retient le côté pratique pour le patient… mais peu de visibilité organisationnelle et juridique…
Par exemple : un chirurgien libéral qui opère au sein de la clinique en utilisant, en application d’une convention d’exercice libéral, des moyens humains et matériels mis à sa disposition, et ayant par ailleurs son cabinet de consultations dans les locaux de cette même structure de soins.
On peut également trouver des groupements de coopération sanitaire (GCS), faisant intervenir par conventions des personnes extérieures à la structure et aux statuts très différents. Ce cas de figure est rencontré dans le cadre de partenariat public/privé, ce partenariat étant fortement orienté par les Agences Régionales de Santé : un bloc opératoire partagé entre activités publiques et privées – Salle de Surveillance Post-Interventionnelle comprise, un secteur de stérilisation centralisée, une unité de reconstitution de produits chimiostatiques, un service d’hospitalisation de jour pour l’administration des traitements anticancéreux...
Alors que l’année 2021 montrait une tendance équilibrée entre parcours de soins ambulatoire et parcours en hospitalisation conventionnelle, l’année 2022 revient vers des tendances statistiques observées les années précédentes…
Les accidents médicaux sont majoritairement liés à une prise en charge dans le cadre d’une hospitalisation conventionnelle programmée. Alors que la part du parcours de soins ambulatoire ne cesse d’augmenter (l’Association Française de Chirurgie Ambulatoire (AFCA) l'a estimée à 55,58 % en 2019, 58,61 % en 2020 et 61 % en 2021), les interventions plus complexes et plus lourdes doivent bénéficier d’un séjour d’au moins une nuit en structures de soins. Cette typologie de prise en charge chirurgicale semble concentrer les risques médicaux…
Les organisations autour de l’ambulatoire, avec l’appel des patient la veille et le lendemain de l’intervention, le bon niveau d’informations délivrées et la sélection des patients permettent une bonne maîtrise des risques.
Il convient de rester dans l’expectative des prochaines données statistiques…
Rappelons que la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande la chirurgie ambulatoire comme "le mode de prise en charge des patients chirurgicaux à privilégier. Il doit être un objectif d’établissement. Son inscription dans ce projet constitue un moteur au développement de la chirurgie ambulatoire".
La HAS maintient une veille constante sur cette thématique pour mieux concilier le développement de ce parcours et la maîtrise des risques de ce mode de prise en charge.
Six nouveaux indicateurs de résultats sont proposés aux professionnels de santé depuis 2022. Ils mesurent les réhospitalisations entre 1 et 3 jours à partir des données du Programme Médicalisé des Systèmes d’Informations en Médecine, Chirurgie et Obstétrique (PMSI MCO).
Les interventions ciblées sont : cholécystectomies sans exploration de la voie biliaire principale, interventions par voie transurétrale ou transcutanée pour lithiases urinaires, interventions par voie transurétrale ou transcutanée pour affections non lithiasiques, interventions sur les amygdales, hémorroïdectomies, prostatectotomies transurétrales.
De manière constante, chaque année, les réclamations portées à l’encontre des cliniques assurées auprès de la MACSF sont majoritairement en lien avec des prises en charge chirurgicales, où les actes invasifs peuvent générer des séquelles importantes en cas d’accident. C’est également dans ce cadre que le risque infectieux est le plus prégnant.
Nous retrouvons toujours en tête la chirurgie orthopédique et traumatologique, avec 33 réclamations enregistrées, soit 33 % de la totalité des réclamations en RCP.
Puis viennent cette année les services de soins et de rééducation ou SSR avec 16 réclamations. Ce ratio s’explique par l’évolution du portefeuille des établissements de santé assurés par le groupe MACSF, avec un nombre important de structures proposant ce parcours de soins.
La chirurgie plastique/esthétique et la chirurgie viscérale/digestive, montrent des données statistiques en cohérence avec le niveau de risques de ces spécialités médico-chirurgicales.
Enfin, pour les autres activités médico-chirurgicales, la proportion de réclamations corrobore les statistiques des observatoires du risque médico-juridique proposés par la MACSF pour les professions dites à risques.
Cette problématique est la plus délicate à défendre pour un établissement de santé. En effet, qu’il s’agisse d’une infection du site opératoire ou d’une infection survenue au cours du séjour en service d’hospitalisation, la loi met à la charge des établissements de santé une responsabilité sans faute en cas d’infection associée aux soins. Ce régime juridique, très favorable aux victimes, implique qu’il n’appartient plus au patient d’apporter la preuve d’une faute ayant favorisé la survenance de l’infection, mais à la clinique d’apporter la preuve d’une cause étrangère pour écarter sa responsabilité.
De plus, la notion d’infection est appréciée largement par les tribunaux. Et si la clinique peut parallèlement formuler un recours à l’encontre d’un praticien, elle doit, pour obtenir gain de cause, être en mesure de prouver que celui-ci a favorisé la survenue de l’infection (exemples : non-respect des règles d’asepsie, non-conformité dans l’administration de l’antibioprophylaxie) ou aggravé ses conséquences (exemple : prise en charge tardive et/ou inadaptée de l’infection ayant aggravé les dommages corporels imputables à l’infection).
Parmi les réclamations adressées aux sociétaires établissements de la MACSF en 2022, nous recensons 41 infections associées aux soins, lesquelles représentent près de 41 % des accidents corporels.
Alors que l’année 2021 montrait un chiffre encourageant, comparé aux années antérieures à 2015, la tendance 2022 nous rappelle que rien n’est gagné sur cette thématique et que l’approche systémique dans la dynamique de prévention reste la règle.
Rappelons que ne sont recensées ici que les infections déclarées à l’assureur, c’est-à-dire celles dont l’évaluation indemnitaire prévisionnelle excède la franchise prévue dans leur contrat d’assurance.
De plus, un nombre important d’infections ne génère pas systématiquement une demande d’indemnisation de la part du patient et/ou de ses ayants droit. La lutte contre les infections associées aux soins consiste à agir pour éviter leur survenue, mais aussi pour en limiter, voire en éliminer l’impact lorsqu’elles sont contractées. Les process de prises en charge de ces complications sont maintenant bien codifiés, et l’appel à des structures spécialisées est maintenant la règle.
Le conseil de l'assureur
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Pour mieux défendre les intérêts de la structure de soins, la tenue du dossier patient reste primordiale.
Une traçabilité exhaustive des actes de soins est fortement recommandée, car tout acte non tracé signifie qu’il n’a pas été réalisé pour l’expert mandaté et/ou pour le juge ou la commission qui doit statuer.
Les infections associées aux soins concernent en majorité les interventions de chirurgie orthopédique et traumatologique, à un niveau important : 20 dossiers (48,8 %).
Les secteurs SSR sont impactés cette année par ce risque : cette donnée statistique nouvelle est directement liée à l’évolution du portefeuille des établissements de santé assurés.
Il convient néanmoins de préciser que ces mises en cause concernent majoritairement les patients pris en charge dans les suites d’une intervention chirurgicale. Ces réclamations impactent plusieurs acteurs, dont le praticien qui a réalisé l’acte opératoire et la structure dans laquelle il a été réalisé. La responsabilité du service SSR n’est en règle générale pas retenue, contrairement à l’établissement de soins où l’intervention chirurgicale est réalisée.
Les analyses des dossiers que l’on peut réaliser montrent que le facteur humain reste au centre des démarches de prévention de ce risque : la très grande majorité des germes identifiés dans les dossiers sinistres sont des germes manu portés.
Autre élément à signaler cette année : la base de données sinistres recense 2 dossiers de mise en cause dans un contexte de prise en charge de patients qui ont contracté une infection Covid au cours de leur hospitalisation.
Les ayants droit de ces 2 patients décédés ont saisi la Commission de Conciliation et d’Indemnisation (CCI).
Pour mémoire, les dommages matériels peuvent être la conséquence de la responsabilité de la clinique :
Les dommages matériels engageant la responsabilité de la clinique vis-à-vis des patients ont comme motifs principaux de réclamations :
Rappelons que la sinistralité en matière de pertes de prothèses dépend largement de la prévention mise en œuvre dans les établissements, mais aussi de la population de patients qu’ils ont vocation à accueillir. La variabilité des déclarations d’un établissement à un autre est, sur ce point, assez significative.
Les dommages subis par l’établissement de santé concernent :
En 2022, 6 établissements ont fait appel à la MACSF au titre de leur contrat de Protection Juridique à 10 reprises. Ce nombre montre une sollicitation de cette garantie comparable aux années précédentes.
Ces demandes d’assistance juridique concernent :
Il est important de signaler que la MACSF propose dans ses contrats RCP une clause concernant la e-réputation, risque qu’il semble important de prévenir au vu du développement des échanges sur les réseaux sociaux.
Les déclarations portant sur des dommages matériels (subis par la clinique ou engageant sa responsabilité) sont pour la plupart réglées amiablement. Il en va de même des réclamations portant sur des dommages corporels "non médicaux" pour lesquels la problématique de la responsabilité pose peu de difficultés et permet un règlement rapide du litige.
Il en est autrement des sinistres médicaux dont l’impact financier peut être important (pertes de revenus liées à une incapacité temporaire ou définitive, ou une invalidité temporaire ou définitive, …) et pour lesquels la question de l’imputabilité et de la responsabilité est au cœur du débat :
S’agissant des sinistres médicaux, les patients qui déplorent un préjudice dans les suites de leur prise en charge sollicitent une indemnisation par voie amiable :
Ces procédures extra-judiciaires présentent l’avantage d’être gratuites pour la victime (ni frais de procédure ni frais d’expertise à sa charge), rapides et souples (pas de ministère d’avocat obligatoire, pas de formalisme particulier à respecter).
Par ailleurs, nous dénombrons 1 seule plainte pénale cette année (1 en 2021, 2 en 2020, 0 en 2019, 2 en 2018, 1 en 2017, 1 en 2016, 5 en 2015). Cette voie de recours demeure très marginale d’une année à l’autre. Le plus souvent, c’est l’importance des séquelles qui justifie le recours à cette procédure.
Dans ce dossier, l’établissement de santé et le praticien sont mis en cause dans le cadre d’une plainte pénale dans les suites d’un accident lors de l’installation d’une analgésie péridurale pour un accouchement initialement prévu par voie basse.
Une erreur médicamenteuse – erreur de médicament – a provoqué une détresse respiratoire chez la future maman, nécessitant une suppléance ventilatoire et la réalisation d’une césarienne en urgence.
Il convient de préciser que le médicament a été servi par la sage-femme, salariée de la structure de soins.
La maman et le nouveau-né vont bien.
1 seul dossier par le biais du tribunal administratif est comptabilisé.
Ce dossier concerne une patiente qui s’est sectionné en partie 2 doigts de la main (accident de travail). Prise en charge par les pompiers, elle est orientée en première intention par le Centre Hospitalier du secteur. Elle est ensuite transférée vers l’établissement de santé sociétaire, mais en cours de route, un appel téléphonique précise que la patiente ne peut être prise en charge… Elle a été amputée des 2 doigts.
Le SDIS (Service Départemental d’Incendie et de Secours) et le Centre Hospitalier ont été assignés dans le cadre d’une procédure administrative.
L’expert judiciaire a demandé à ce que l’expertise se déroule au contradictoire de toutes les parties prenantes du dossier… et donc de notre sociétaire.
Si l’on comptabilise la totalité des procédures amiables (CCI et amiables hors CCI), cette voie est la plus sollicitée par les patients et représente 76 % des déclarations.
La procédure CCI reste une voie de recours privilégiée et permet de régler, dans un cadre amiable mais institutionnalisé, les réclamations déposées par les patients ou ayants droit chaque année.
Elle permet aux établissements d’être partie prenante dans la gestion de leurs dossiers de sinistres. Outre leur présence aux opérations d’expertise, un représentant de la clinique assiste le plus souvent à la réunion d’audition des parties par les membres de la CCI. L’intérêt marqué ainsi par l’établissement au dossier du plaignant peut être source d’apaisement et de reconnaissance de sa souffrance, indépendamment des responsabilités encourues.
La voie civile reste une procédure utilisée dans près d’un litige sur 4 (22 %), en 1ère intention souvent lorsque les préjudices sont importants ou en 2nde intention après une tentative échouée de règlement amiable du litige (la CCI n’aura pas donné une suite favorable à la demande ; l’établissement de santé et la MACSF n’auront pas souhaité s’engager dans un processus amiable hors CCI, préférant discuter la responsabilité devant les tribunaux).
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