IA en santé : une aide au diagnostic, à la prise de décision et à la personnalisation des traitements
Dans le parcours de soins d’un patient, la pose de votre diagnostic est une phase cruciale : c’est elle qui décide de la bonne prise en charge et du bon suivi du patient.
L’intelligence artificielle s’appuie sur des algorithmes puissants capables d’analyser toutes les données de santé relatives à un malade : âge, sexe, poids, symptômes, antécédents personnels et familiaux, activité physique ou encore traitements précédents.
Son utilisation peut s’avérer particulièrement efficace dans l’évaluation de la pathologie à traiter. Elle va alors accompagner les professionnels de santé dans l’analyse et l’interprétation de la multitude de données médicales dont ils disposent. Ces informations très détaillées viennent affiner le diagnostic et le traitement à mettre en place.
Certains programmes d’IA sont désormais capables d’identifier des tumeurs invisibles à l’œil nu. Dans le cas du cancer du sein par exemple, un algorithme présenté dans la revue Radiology a été capable d’identifier sur des radiographies la zone précise où se développerait un cancer 4 ans plus tard. D’autres peuvent détecter la rétinopathie diabétique au premier stade de la maladie, à partir d’une simple photo de la rétine du patient.
La société française Owkin, spécialisée dans le machine learning appliqué à la recherche médicale, a pour objectif d’améliorer la découverte et le développement de molécules en utilisant une IA. Il s'agit principalement de prédire les probabilités de réussite d'un traitement appliqué à un malade, notamment dans le cadre du cancer.
Les programmes d’intelligence artificielle ont l’avantage de conserver en mémoire l’ensemble des anomalies détectées et permettent ainsi d’être plus précis à chaque évaluation du patient.
Grâce à une solution d’intelligence artificielle bien assistée, la médecine de demain peut gagner en :
- Personnalisation : elle tiendra compte du profil de chaque individu
- Prévention : elle sera concentrée sur le mieux-être et non sur la maladie
- Prédiction : elle indiquera le traitement le plus adapté pour un patient
- Participation : elle conduira le patient à être plus acteur de sa santé
Des patients plus impliqués dans la gestion de leur santé grâce à l’IA ?
Le patient peut être amené à jouer un rôle plus important dans la gestion de sa pathologie, notamment dans le cas des maladies chroniques, comme le diabète, l’hypertension ou encore le soin des plaies.
Il pourra désormais être assisté dans l’autogestion de sa maladie, comme dans la prise de médicament ou le suivi de son activité physique, grâce à des applications mobiles, des objets ou des vêtements connectés.
Certaines solutions de santé mobile, comme Moovcare dans le cas du cancer du poumon, permettent aux patients d’évaluer leurs différents symptômes ; les données de santé sont alors analysées par des algorithmes qui détectent les risques de dégradation de la pathologie et alertent rapidement le médecin généraliste du besoin de réévaluer le traitement.
Un autre exemple, l’application Goodmed développée par Synapse Medicine, qui permet au grand public d’identifier les contre-indications à la prise d’un médicament en fonction de son profil santé, par un simple scan du QR code de la boîte.
Il existe, en outre, des « agents virtuels » ou « chatbots » qui donnent la possibilité aux patients de converser de manière textuelle ou orale avec une IA. Cette technologie est déjà présente pour lutter contre la dépression (avec le premier « humain virtuel » créé par le laboratoire Sanpsy à Bordeaux) ou pour améliorer le traitement de l’asthme grâce à l’application sécurisée Vik Asthme de l'entreprise Wefight, par exemple.
Ceux-ci sont capables de remonter les données médicales, de faire des rapports sur l’état de santé du malade et de recommander un plan d’action. Ces agents virtuels ont également vocation à lutter contre l’isolement, à soutenir les aidants familiaux et à aider le patient à se sentir plus autonome.
Le robot Nao, déjà présent dans plusieurs Ehpad, est programmé pour faire réaliser des exercices de mémoire à des personnes atteintes d’Alzheimer.
Vers une humanisation de la relation soignant/patient grâce à l’IA ?
L’intelligence artificielle n’a, bien sûr, pas vocation à se substituer au corps médical : elle lui apporte du soutien en facilitant le diagnostic et en optimisant l'accès aux soins. Le soignant, quant à lui, sera toujours là, en consultation médicale en présentiel ou à distance, pour expliquer le traitement, ses conséquences et surtout pour faire preuve d’empathie, ce dont l’IA ne sera vraisemblablement jamais capable.
Dans une étude menée en partenariat avec GE Healthcare, le MIT Technology Review Insights a interrogé plus de 900 professionnels de santé aux États-Unis et au Royaume-Uni à propos des conséquences de l’intégration de l’IA sur leur quotidien :
- 61 % d’entre eux déclarent que l’IA leur a permis de diminuer le temps passé à remplir des dossiers et à écrire des rapports
- 45 % confirment que cela leur a permis d’avoir plus de temps à consacrer à leurs patients
Une autre enquête de 2022, menée par IQVIA en partenariat avec l’Association des Laboratoires Japonais présents en France, a étudié l’impact de l’introduction de l’IA dans le quotidien des soignants à travers l’utilisation de 4 outils : Moovcare, Calyps Saniia, Art-Plan et OphtAl. La démonstration est faite que l’intelligence artificielle apporte de réels bénéfices aux patients comme aux soignants avec un impact direct sur l’organisation et la qualité des soins.
L’utilisation de la solution OphtAI, par exemple, réduit de moitié le délai d’accès au dépistage de la rétinopathie diabétique.
Le logiciel, CALYPS Saniia, quant à lui, permettrait une réduction moyenne du temps en hospitalisation conventionnelle de 12 heures et du temps passé en soins critiques de 6 heures.
En libérant du temps au médecin traitant, l’IA lui permet de se concentrer sur son cœur de métier et sur sa relation avec son patient. Capable de recueillir les symptômes, d’identifier la pathologie, elle ne prendra jamais la place d’un professionnel de santé « humain », en mesure de comprendre la souffrance du patient et d’entendre sa douleur.