Quels sont les différents types d’erreurs médicamenteuses ?
La problématique des erreurs médicamenteuses est omniprésente, dans tous les secteurs de soins, court et long séjours, hospitalisation à domicile…
Le guichet des erreurs médicamenteuses de l’AFSSAPS, structure de réception et de gestion des signalements, a permis de colliger les déclarations d’événements indésirables de mars 2005 à décembre 2009 inclus, soit un total de 2 206. Cette base de données permet de donner des indications sur la nature des erreurs réalisées. Voici les typologies les plus couramment rencontrées :
- erreur de médicament,
- médicament périmé ou détérioré,
- erreur de forme galénique,
- erreur de dosage,
- erreur de posologie ou de concentration,
- erreur de technique d’administration,
- erreur de débit,
- erreur de patient,
- erreur de technique de préparation…
Quelles sont les causes des erreurs médicamenteuses ?
La Haute Autorité de Santé, dans son guide "Outils de sécurisation et d’auto-évaluation de l’administration des médicaments" identifie les causes qui favorisent la survenue de ces erreurs médicamenteuses :
- Absence de vérification systématique de la conformité de la prescription : le déploiement du Dossier Patient Informatisé dans les structures de soins permet la validation pharmaceutique des traitements prescrits, mais n’est pas encore réalisée dans 100 % des cas par les équipes des pharmacies à usage intérieur.
- Absence de lecture systématique de l’étiquetage des produits : beaucoup de paramédicaux font trop confiance au rangement dans les armoires à pharmacie ; ou la charge de travail trop lourde induit la déviance par rapport aux bonnes pratiques.
- Défaut d’étiquetage : déconditionnement des produits, absence d’étiquetage ad hoc des médicaments reconstitués.
- Absence de traçabilité systématique de l’allergie par l’équipe médicale lors du recueil de l’anamnèse ou l’équipe paramédicale lors de l’accueil du patient dans le secteur de soins.
- Si la lecture de la prescription est plus aisée avec l’informatisation de la prescription en structures de soins et en médecine de ville, les modes dégradés (imposés souvent par les pannes informatiques) génèrent des vulnérabilités potentielles.
- Similitude des noms de médicaments : d’où la nécessité de mettre à jour le livret du médicament dans l’établissement de santé. La démocratisation des outils numériques devrait permettre des modifications plus rapides.
- Défaillance des équipements permettant l’administration des préparations médicamenteuses : l’intérêt des maintenances préventives et/ou curatives à la première alerte n’est plus à démontrer, et l’utilisation des consommables adaptés pas toujours respectée.
- Non-respect des procédures en place : les causes de ces déviances ne sont pas toujours comprises. Il ne doit pas être dérogé aux règles retenues pour assurer le niveau de sécurité le plus optimal.
- Défaut d’écriture : le constat de traitement administré après prescription orale tend à diminuer, mais reste présent dans nos organisations de soins, notamment pour les réajustements de traitements en dehors des heures de présence sur place des prescripteurs.
Les interruptions de tâches ont-elles un impact sur les erreurs médicamenteuses ?
Les erreurs surviennent plus facilement lors des interruptions de tâches, qui peuvent être nombreuses dans certains secteurs. C’est un facteur contributif à la survenue d’erreurs, et notamment lors de la préparation des médicaments.
Toute rupture dans le déroulement d’une activité, qu’elle soit propre à l’opérateur ou pour une raison externe (collègue, médecin, patient, famille,…), perturbe la concentration nécessaire à la bonne réalisation de l’acte et altère de fait la performance.
Rappelons que "Gérer les interruptions de tâches, c’est un travail d’équipe avant tout !"
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Comment améliorer encore la sécurité du processus de la prise en charge médicamenteuse ?
Un certain nombre de règles simples doivent être respectées lors des étapes suivantes :
- Prescription : qualité et gestion des données.
- Préparation des traitements : extemporanée pour les traitements injectables, double contrôle pour la réalisation des piluliers, qualité et fiabilité des calculs de doses, rigueur dans l’étiquetage.
- Contrôle : maîtrise du facteur humain (exercices réguliers de calculs de dose) et du facteur organisationnel pour éviter toute perte de temps, faire les liens entre les informations (allergie notamment).
- Administration : identification du patient, vérification de la prescription et de la voie d’administration prescrite.
- Enregistrement et surveillance : qualité de la traçabilité, pas d’anticipation et pas de retard.
- Toujours réaliser la traçabilité en extemporanée permettant ainsi une dernière vérification entre prescription et administration du traitement préparé.
Quelle responsabilité de l'infirmière dans les erreurs médicamenteuses ?
Pour résumer
Lorsqu’on administre un traitement médicamenteux, il faut garder en tête et appliquer de manière rigoureuse la règle des 5 B :
- Bon patient
- Bon médicament
- Bon dosage
- Bonne voie
- Bon moment