Exercice en groupe : ne restez plus dans votre coin !
Médecins et auxiliaires médicaux sont de plus en plus nombreux à se tourner vers l’exercice en groupe, en particulier les médecins spécialistes et les chirurgiens-dentistes qui peuvent ainsi partager certaines dépenses (comme le secrétariat médical par exemple) et mutualiser leurs investissements dans des équipements médicaux de plus en plus coûteux.
Quant aux généralistes libéraux, début 2019, 61 % d’entre eux avait opté pour ce mode d’installation en groupe (ils étaient 54 % fin 2010). Une organisation qui séduit notamment les plus jeunes médecins, à la recherche de conditions de travail plus souples : 81 % des moins de 50 ans exerceraient sous cette forme, contre 57 % pour les 50-59 ans et 44 % pour les 60 ans ou plus**.
Si l’exercice en groupe est aujourd’hui majoritaire parmi les médecins, l’interprofessionnalité est en revanche encore peu développée.
Ainsi, début 2019 :
- 94 % des médecins généralistes en groupe exerçaient avec au moins un autre généraliste ;
- parmi eux, 57 % travaillaient aux côtés d’un ou plusieurs confrères généralistes uniquement ;
- seuls 28 % exerçaient dans un groupe comprenant un ou plusieurs médecins généralistes mais aussi paramédicaux. Les infirmiers étaient alors ceux avec lesquels ils se regroupaient le plus ;
- 2 % étaient dans un cabinet regroupant un ou plusieurs médecins généralistes et autres spécialistes (souvent des gynécologues, des psychiatres, des cardiologues…) ou chirurgiens-dentistes.
Toujours début 2019, un cabinet comptait en moyenne 3 médecins généralistes équivalents temps plein**.
**Etudes et résultats n°1114, mai 2019, Drees.
Le nombre de MSP toujours en forte croissance !
Le nombre de maisons de santé pluriprofessionnelles ne cesse de progresser depuis une dizaine d’années. En 2010, la DGOS comptait 150 à 200 maisons de santé pluriprofessionnelles (mono-site ou multi-site). Sept ans plus tard, elles sont au nombre de 910 pour se chiffrer à 1889 en 2021.
Mars 2014 | Mars 2015 | Mars 2016 | Juin 2021 | |
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Nbre de MSP en fonctionnement | 436 | 616 | 778 | 889 |
Nbre de MSP en projets | 493 | 407 | 382 | 366 |
Nbre total de MSP | 929 | 1 023 | 1 160 | 1 889 |
Source : site Ministère de la santé.
Au cours de l’année 2018 :
- 192 nouvelles MSP ont adhéré à l’Accord conventionnel interprofessionnel (ACI) ;
- 3,2 millions de patients ont été pris en charge dans les MSP. Un nombre en hausse de 33% par rapport à 2017 ;
- 13 096 professionnels de santé exerçaient dans une MSP, soit une hausse de 34% par rapport à 2017***.
*** Source : « Maisons de santé pluriprofessionnelles : des rémunérations en hausse de 30% », Assurance maladie, 3 juin 2019.
Cette progression a été largement soutenue par les autorités de santé et les ARS, à travers :
- la création en 2011 de la SISA (société interprofessionnelle de soins ambulatoires), nouveau cadre juridique favorisant l’exercice regroupé des professionnels de santé libéraux en MSP ;
- la « Stratégie nationale de santé » de 2013, qui a fait du développement des structures d’exercices collectifs un enjeu majeur « pour organiser la complémentarité des interventions du premier recours […] et prendre en charge des patients nécessitant un accompagnement ».
Le point fort des MSP ? Il réside à l’évidence dans leur dimension pluri ou interprofessionnelle. En effet, ces structures regroupent en moyenne près d’une vingtaine de professionnels de santé :
- 5 médecins (le plus souvent généralistes) ;
- 9 paramédicaux ;
- 1 chirurgien-dentiste ;
- et 2 pharmaciens d’officine.***
**** Source : DGOS, mars 2017.
L’engouement pour les maisons pluridisciplinaires de santé devrait donc se confirmer dans les années qui viennent. Ce volontarisme a été rappelé dans la « Stratégie de transformation du système de santé » annoncée en février 2018, qui donne clairement la priorité à l’exercice en réseaux et en structures de soins coordonnés.
Une politique guidée par trois impératifs :
- l’amélioration de l’accès aux soins dans les territoires sous-médicalisés ;
- le développement de la télémédecine en ambulatoire ;
- et la nécessaire coordination des professionnels de santé dans la prise en charge des pathologies chroniques.
Attrait des professionnels de santé pour le cabinet de groupe, nécessité pour les autorités de santé de mieux organiser les soins primaires… L’exercice en groupe, quelle que soit sa forme d’organisation, a décidément le vent en poupe.