Activité physique en France : réalité et perspectives
Pendant 1 mois et demi, à l’heure des Jeux Olympiques, la France va devenir une nation sportive. L’est-elle vraiment ? Une étude récente montre que notre pays se positionne à la 119e place sur un classement de 146 par comparaison des adolescents les plus actifs et qu’en moyenne 1 adulte sur 3 combine un manque d’activité physique et une durée des comportements sédentaires trop importante. Il reste encore de la marge.
La France pourrait-elle devenir une nation sportive ? Assurément !
De grands pas ont été réalisés ces dernières années :
- l’activité physique promue comme grande cause nationale en 2024,
- 30 min supplémentaires à l’école,
- les aménagements urbains pour faire plus de place au vélo,
- la loi Sport sur ordonnance.
Il semble ainsi que l’on revienne aux fondamentaux du corps humain.
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Il est fait pour se mouvoir et son mouvement conditionne pour une part importante son état de santé.
Prévention et soin : deux approches complémentaires
Si l’on décide de s’intéresser à la bonne santé d’une population et des individus qui la composent, il existe donc deux approches distinctes et complémentaires : la prévention et le soin.
Prévention : promouvoir la santé par le sport
Ce n’est plus à démontrer, l’activité physique prévient d’un nombre important de maladies : risques cardiovasculaires, métaboliques, psychiques, physiologiques... la liste est longue et la prévention est simple : marcher le plus souvent possible (au moins 3 heures par semaine) ou une autre pratique aérobie équivalente, faire du renforcement musculaire (au moins 2 fois soit 1 heure par semaine) en privilégiant les membres inférieurs et la sangle abdominale.
Si l’on compte 8 heures de sommeil quotidien cela revient à dire que nous devons consacrer 4 heures par semaine sur les 112 qu’elle compte à faire de l’exercice physique. Rien de bien insurmontable.
C’est une approche systémique :
- motivationnelle pour permettre aux individus de se prendre en main ;
- organisationnelle pour favoriser des comportements actifs ;
- éducationnelle pour arrêter de privilégier la pensée au profit du reste ;
- structurelle pour aider les clubs sportifs au sens large à avoir les moyens de réaliser cette mission d’intérêt général.
Cette activité concerne tous les profils de patients et notamment ceux touchés par des pathologies chroniques stabilisées ou un handicap.
Les Jeux paralympiques sont une merveilleuse occasion de souligner que l’activité physique est abordable et réalisable dans la plupart des cas.
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Elle permet également une appréhension différente des accidents de la vie sans stigmatisation.
Nous avons besoin collectivement de penser les maladies autrement et de voir dans les différences des forces collectives plutôt que des faiblesses individuelles.
Soin : l'activité physique thérapeutique
L'impact de l'activité physique sur les traitements et la qualité de vie
Reste le champ du soin. Pour ne parler que du sujet qui nous occupe, à savoir le cancer, quelle place accorder à l’activité physique lorsque les patients sont sous traitement, parfois sévèrement altérés par les effets de ces derniers ?
La réponse est dans les données scientifiques : il existe un rapport entre efficience des traitements, masse musculaire, masse grasse. Plus les patients maintiennent ou améliorent leur masse musculaire, plus les traitements peuvent être administrés efficacement. Plus les patients limitent la prise de masse grasse, plus le risque de complications ou de mortalité précoce est diminué.
Sans parler de certains effets secondaires, de la fatigue, de la qualité de vie ou des effets sur le psychisme qui s’en trouvent tous améliorés.
La question n’est plus de savoir si les patients doivent pratiquer une activité physique, mais plutôt laquelle, avec qui et dans quelles conditions ? Il n’existe pas de réponse convenue.
CAMI : une approche innovante en oncologie
En oncologie la difficulté réside souvent dans l’équilibre à trouver entre les altérations physiques et les exercices à réaliser pour obtenir les bénéfices escomptés.
Les longues années d’expériences et de modélisation de nos prises en charge nous ont permis à la CAMI de définir des protocoles d’exercices nous permettant de gérer ce paradoxe. Nos intervenants issus des filières STAPS (Science et Techniques des Activités Physiques et Sportives) mais formés à nos programmes de prise en charge (environ 250 heures de formation complémentaires) construisent des séances en associant des exercices répondant à des critères biomécaniques précis pour apporter aux patients les solutions aux problèmes identifiés lors des bilans initiaux.
Cette approche et ce suivi permettent une évaluation objective des protocoles mis en place et partagée avec les professionnels de santé impliqués dans le parcours de soins. Car c’est tout l’enjeu des années à venir. L’intégration de ce type d’approche dans un parcours coordonné, holistique et intégratif.
Il apparaît évident aujourd’hui que si l’allopathie reste la base indispensable et centrale d’un programme de soins, il devient nécessaire d’organiser l’apport indéniable de discipline complémentaire dont la fonction est au mieux d’augmenter les chances de guérison, au moins d’améliorer la qualité de vie.
Dans cette dynamique, la CAMI porte depuis 2 ans un article 51 pour montrer l’efficacité de cette approche et son intégration simple et évidente dans la prise en charge des patients. Un remboursement de ces pratiques serait un formidable signal envoyé à l’ensemble de la population pour valoriser et promouvoir l’activité physique.
Nombre de patients venus à la CAMI pour se donner toutes les chances sont devenus des pratiquants assidus même très longtemps après leur passage chez nous.
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Le sport bien-être
Quels que soient notre âge, notre condition, notre catégorie socio-professionnelle, notre lieu de vie, le mouvement est un besoin du corps, universel. Il est un trait d’union, et c’est sûrement ce qu’exprime, au-delà de la performance, l’enthousiasme des Jeux Olympiques et Paralympiques.
Il faut souhaiter que ces Jeux ne soient pas seulement un spectacle que l’on oubliera le 9 septembre prochain au matin. Un grand soir sans lendemain.
Tant d’engagements ont été mis en place ces dernières années qu’il serait bien qu’ils laissent une trace, provoquent des changements d’habitudes, impulsent des nouvelles dynamiques, favorisent des innovations, permettent de penser autrement.
Tous les pratiquants de sport le savent bien, c’est lorsque l’on en fait que viennent les meilleures idées.
Crédit photo : CAMI Sport & Cancer