Extraction imputable pour insuffisance de diagnostic (primaire ou différentiel)
Cette erreur est devenue peu fréquente.
Les praticiens disposent de moyens techniques performants notamment en imagerie médicale, et mettent désormais en œuvre des bilans complets (cliniques et radiographiques) qui déterminent les lésions présentes, leur nature exacte, leur gravité et leur degré d’urgence.
Cette approche rationnelle permet de valider ensuite les possibilités thérapeutiques applicables de manière conforme et adaptée, conservatrices ou non, selon la pathologie identifiée.
Nous développerons surtout les deux autres catégories d’erreurs, encore trop fréquentes.
Extraction engendrée par une prescription erronée (erreur de plume) ou imprécise
Ces erreurs sont essentiellement imputables aux orthodontistes, mais également aux praticiens traitants qui sollicitent un référent plus spécialisé en chirurgie buccale.
Ces erreurs peuvent être évitées par quelques minutes supplémentaires consacrées :
- à confirmer la pertinence du projet thérapeutique via son actualisation, sa réévaluation éventuelle ;
- à valider la situation buccale et la formule dentaire au jour de la prescription (datée) ;
- à numéroter lisiblement, de manière exacte et certaine, les dents à extraire : l’idéal est de mentionner leur référence en la doublant de la désignation (dent 14, première prémolaire supérieure droite ; dent 75, seconde molaire lactéale inférieure gauche, etc.). Ajouter les particularités de certaines demandes : odontomes (à localiser précisément), dents ectopiques, incluses, enclavées… ;
- à relire attentivement et minutieusement, avant signature, la prescription remise au patient.
Mise en œuvre inadaptée de la prescription reçue par le chirurgien-dentiste
Ces erreurs sont imputables au praticien qui réalise l’extraction demandée par un correspondant.
Ici aussi, des mesures élémentaires simples suffiraient à faire disparaître ce type d'erreurs.
En fonction de la prescription proprement dite
Il faut une concertation parfaite et permanente entre les praticiens impliqués.
L’intervenant ne doit jamais interpréter la prescription (si calligraphiée et peu lisible, si erreur de numérotation semblant flagrante), ni l’extrapoler (extractions de dents dégradées supplémentaires, modulation des extractions en fonction de sa perception thérapeutique personnelle, etc.).
L‘intervenant ne doit jamais réaliser la phase chirurgicale si une divergence clinique apparaît quant à sa perception du bien-fondé des indications ou quant à sa certitude de suites compliquées, lorsque des séquelles ou des aggravations potentielles sont à craindre en fonction de l’extraction prescrite.
Dans cette situation, l’intervenant doit alors surseoir à l’acte et expliciter sa position par dialogue confraternel avec le prescripteur, avant de prendre une décision argumentée quant à la poursuite ou non de la prescription.
En résumé, d’une manière générale, l’intervenant sollicité doit systématiquement contacter le prescripteur avant tout début de mise en œuvre opératoire, au moindre doute :
- sur la numérotation ou la localisation de la dent,
- sur l’indication ou la conformité de l’extraction, comme évoqué ci-dessus.
L’intervenant doit obtenir, directement de la part du prescripteur, une réponse à ses interrogations, puis consigner sur sa fiche clinique pourquoi il donne suite (ou non) à l’extraction.
Si intervention pratiquée sous anesthésie générale, les conseils précédents sont identiques, en plus de bien préparer le planning de la journée sans découvrir l’incohérence éventuelle d’une prescription après induction de l’anesthésie.
En fonction de la mise en œuvre chirurgicale
L'intervenant doit évidemment respecter les préconisations de bonne pratique chirurgicale.
Ainsi, il doit réaliser systématiquement un cliché local préopératoire, y compris lorsque cliché panoramique est joint par le prescripteur, de la (des) dent(s) à extraire, sauf si un cliché rétroalvéolaire très récent lui a été communiqué.
Ce cliché doit être réalisé quelle que soit la dent (lactéale ou définitive, mobile ou pas, lésion apicale associée ou pas, etc.).
Le respect de cette préconisation permet de conforter l’indication comme la numérotation, ce qui éviterait les confusions entre dent lactéale (tombée depuis la date de prescription) et dent permanente en évolution, ces erreurs étant trop fréquentes dans les étiologies des déclarations de sinistres.
À retenir
- Les erreurs d’extractions ou les extractions s’avérant non indiquées dans ce tableau particulier de délégation de la mise en œuvre clinique à un autre intervenant, résultent essentiellement du partage thérapeutique qui accroît le risque de mauvaise transcription ou d’interprétation inadéquate.
- Elles pourraient aisément être évitées par un minimum de temps supplémentaire consacré par chaque praticien à une rédaction actualisée et détaillée de la prescription, à une lecture attentive de celle-ci, puis à un échange systématique pour demande de précision en cas de doute quant à la localisation voire l’indication de l’extraction programmée.
- Ces notions de bon sens éviteraient séquelles cliniques, fonctionnelles et morales après perte d’une, voire de plusieurs dents saines ou conservables.
- Au-delà des retentissements amiables ou judiciaires engendrés par ces erreurs porteuses de ressenti majeur, elles permettent de préserver la confiance de nos patients et l’excellence de la pratique du chirurgien-dentiste.