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Infirmiers : regards croisés vers le futur

Infirmiers : regards croisés vers le futur

Publié le 19/06/2023

Une récente étude menée par la MACSF sur l’évolution de la profession infirmière montre que les constats et aspirations des professionnels de santé dépassent certaines idées reçues. Médecins comme infirmiers se montrent globalement en phase et favorables à un élargissement des compétences infirmières.

Lors du salon infirmier qui s’est déroulé à Paris du 23 au 25 mai 2023, des médecins, des infirmiers et des étudiants ont été interrogés par la MACSF. L’objectif de cette étude, menée auprès de 1 149 personnes, était de mieux appréhender les enjeux liés à l’évolution de la profession infirmière.

 

Des infirmiers de plus en plus compétents 

Dans cette étude, un axe majeur semble se dessiner. Le champ de compétences des infirmiers ne cesse de s’élargir depuis 5 ans, et cette tendance va s’accentuer davantage dans 10 ans, selon les professionnels de santé interrogés.

78 % des 584 infirmiers sondés cette année sont convaincus qu’ils auront un champ de compétences plus large dans 10 ans et 76 % pensent que les médecins leur délègueront plus de tâches à l’horizon 2030. Ils se déclarent, d’ailleurs, favorables à 78% à l’élargissement de leur champ de compétences.

Cette adhésion à un élargissement du champ de compétences des infirmiers est également partagée par les médecins qui, à 65 % soutiennent cet élargissement.

 

Frictions sur la spécialisation

Entre praticiens et infirmiers demeure toutefois un point de crispation : la prescription de d’examens complémentaires et le renouvellement d’ordonnance. Les médecins s’opposent (64 %) à ce que les infirmiers puissent renouveler des ordonnances alors que les concernés y sont favorables à 71 %. Même ambivalence pour la prescription d’examens complémentaires avec 58 % des médecins défavorables et 74 % des infirmiers favorables.

On constate également un certain paradoxe concernant le développement des spécialisations des infirmiers. 85 % des 315 médecins interrogés encouragent le développement des spécialisations au sein de la profession infirmière (infirmier anesthésiste, infirmier de bloc opératoire etc.). Pourtant, les praticiens apparaissent réservés sur le développement des infirmiers en pratique avancée (IPA). Ils ne sont plus que 56 % à y adhérer.  Cette nouvelle spécialisation (créée en 2019) - à mi-chemin entre l’infirmier généraliste et le médecin - ne représente actuellement que 0,5 % de la profession. Selon l’étude, les infirmières en activité y sont néanmoins favorables à 74 %, tout comme les étudiants (87 %).

 

Un métier à reconsidérer 

L’avenir du métier infirmier laissant présager un élargissement du champ de compétences, la formation et le risque médico-légal font partis des inquiétudes soulevés et des éléments indispensables pour que l’infirmier de demain puisse travailler dans des conditions sereines.

Les infirmiers sont 57 % à déplorer une formation moins complète qu’avant et 81 % à avoir l’impression qu’ils sont plus exposés aujourd’hui qu’il y a cinq ans à des risques médico-légaux. Ces perceptions sont partagées aussi bien par les médecins que par les cadres de santé. « Les infirmiers vont pallier la raréfaction des médecins, exercer dans des conditions juridiques parfois nébuleuses, et avec un statut qui ne sera toujours pas en adéquation avec les responsabilités prises », assène une infirmière interrogée. 

« Les missions des infirmiers vont croitre alors même que leur formation a baissé en qualité. On leur apprend à être des exécutants et une fois dans le monde professionnel ils doivent être en semi-autonomie ce qui est paradoxal. Les infirmiers doivent avoir de plus en plus de missions ça je pense que tout le monde en est d’accord mais ils doivent alors avoir une formation adéquate », déclare un médecin.

Or, l’augmentation des missions et de la responsabilité devrait aller de pair avec la reconnaissance du métier infirmier. Ce qui est loin d’être le cas, selon la majorité des concernés, qui déclarent que leur travail est moins reconnu qu’il y a cinq ans (60 %) et moins valorisé (68 %).  À peine 21 % des infirmiers croient que leur profession sera plus valorisée dans 10 ans. Ces chiffres traduisent un réel pessimisme quant à leurs perspectives d’avenir. « Trop de responsabilités, trop de travail, aucune reconnaissance, aucun salaire à la hauteur... », affirme une infirmière en marge de l’étude. 

Si le regard (et les résultats chiffrés) des médecins est plus nuancé, ces derniers admettent que des efforts restent à faire. « Les infirmières ne sont guère mieux payées qu’une femme de ménage, ce qui est vraiment honteux ! », s’indigne même l’un d’eux.

Les résultats de cette étude montrent une légitimité et une considération des infirmiers dans le regard des médecins, beaucoup voyant l’infirmier de demain comme « le bras droit du médecin », un « binôme » ou encore un « vrai auxiliaire de soins avec prise de responsabilités ».