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Prendre soin de ceux qui nous soignent - Une enquête de la Fondation MACSF

Prendre soin de ceux qui nous soignent - Une enquête de la Fondation MACSF

Publié le 07/06/2023

Engagée auprès des soignants pour contribuer à l’amélioration du monde de la santé, la Fondation MACSF a mené une enquête auprès de ses sociétaires fin 2022*. Le sondage, nourri par les retours d’expérience des professionnels en exercice et étudiants, médicaux et paramédicaux, exerçant en milieu hospitalier ou en libéral**, permet d’identifier les risques liés à leur activité professionnelle et de dégager des pistes d’amélioration. Nicolas Gombault, délégué général de la Fondation MACSF et directeur général délégué du groupe MACSF, commente les résultats de cette étude. 

 

Quel est l’objectif de cette enquête ? 

L’objectif est double. L’étude, basée sur un outil d’auto-diagnostic, permet aux soignants d’évaluer leur état de santé et leur exposition aux risques, à la fois professionnels et privés. Elle les aide à mettre en lumière leurs difficultés au quotidien ainsi que leurs fragilités dans leurs relations avec les patients, leurs confrères ou encore les établissements dans lesquels ils exercent. L’étude a aussi pour objectif de dégager, via les retours d’expérience, les aides et solutions contribuant à l’amélioration de la qualité de vie au travail des soignants. 

 

Quel est le constat général ? 

Les soignants en activité ne vont pas bien. Même si les professionnels libéraux s’en sortent mieux que ceux en établissements de santé, ils ne sont globalement pas satisfaits de leur qualité de vie au travail, l’évaluant au niveau relativement bas de 4,9/10. Chez les étudiants et les internes, les étudiants paramédicaux apprécient leur qualité de vie professionnelle à hauteur de 6,2/10, les internes l’évaluant à seulement 5,4/10. 

 

Quels sont les facteurs de mal-être ? 

Les professionnels en établissements de santé déplorent des conditions de travail peu satisfaisantes (4,6/10 pour les médicaux, et 4,1/10 pour les paramédicaux) : manque de ressources pour bien prendre en charge les patients, organisation défaillante, relation peu sereine avec la direction, sécurité des soins pas toujours prioritaire. Les libéraux, moins critiques sur leurs conditions de travail (5,.8/10 pour les médicaux et 5,.4/10 pour les paramédicaux), déplorent leur isolement et des contraintes administratives lourdes. Du côté des étudiants et des internes, ils se plaignent de leurs conditions de stage et d’apprentissage, et attribuent à leur enseignement et leur accompagnement la note sévère de 5/10. 

 

Comment les soignants gèrent-ils ces difficultés ? 

Les soignants, qu’ils soient libéraux ou salariés, sont souvent à flux tendu et n’hésitent pas à augmenter leurs heures de travail pour assumer l’ensemble de leurs missions, même s’ils sont malades. C’est le même constat pour les étudiants et les internes. Consultations non programmées, urgences, interruptions de tâches, contraintes administratives, patients agressifs, crainte d’être mis en cause… Notre constat est édifiant. Tous répondent avoir déjà été confrontés à la difficile adéquation entre la réalisation de leurs missions tout en restant en phase avec leurs valeurs (77 % pour les médicaux libéraux et jusqu’à 84 % pour les médicaux en établissement). Par ailleurs, 29 à 44 % des soignants disent que ces situations ont un impact fort sur leur vie professionnelle et à un moindre degré sur leur vie privée (entre 25 et 30 %).  

 

Les soignants se sentent-ils assez soutenus ? 

Ils estiment ne pas bénéficier d’une juste reconnaissance de leur travail (4,5/10), que ce soit par la société, les institutions, les tutelles, les directions ou les médias. Ce sentiment est partagé par les étudiants et aspirants soignants. L’étude révèle également qu’une majorité de sondés est pessimiste sur les perspectives d’amélioration de leur situation dans les années à venir. 

 

Avez-vous relevé des aspects plus positifs ?  

Les soignants estiment plutôt bien gérer leur relation avec leurs patients (6,4/10) et se sentent utiles.  Lorsqu’ils se trouvent en situation de difficulté d’organisation ou de santé, ils peuvent compter sur le soutien et de leurs proches. Les soignants en exercice se préoccupent globalement bien de leur prévention mais sur des items différents : les médicaux (en établissement et libéraux) sont ceux qui déclarent le plus se faire vacciner (7,7/10 et 7,4/10) contre 6,8/10 et 5,9/10 pour les paramédicaux en établissements et libéraux. Par ailleurs, les paramédicaux déclarent avoir un « vrai » médecin traitant (6,.7/10 et 6/10) contrairement aux médicaux en établissements (3,8/10) et libéraux (3,1/10). Enfin, les libéraux ont majoritairement un contrat de prévoyance assurantiel. Quant aux étudiants, ils sont attentifs à leur prévention : ils n’hésitent pas à se faire vacciner et à disposer d’un contrat en Responsabilité civile professionnelle et/ou de prévoyance assurantiel. Les étudiants paramédicaux déclarent davantage avoir un « vrai » médecin traitant que les médicaux. 

 

Quelles sont leurs pistes d’amélioration ? 

Les solutions souhaitées sont plurielles. L’ensemble des sondés évoque une aide sur un plan psychologique et relationnel, pour mieux gérer les situations difficiles (stress, agressivité des patients, conflits, annonces difficiles). Les libéraux citent des aides liées à la gestion de leur cabinet ou à des problématiques plus personnelles (maladie, épuisement professionnel, culpabilité, gestion de la mise en cause juridique). Parmi les outils, ils souhaitent prioritairement le partage d’expérience (via des sites internet ou des groupes d’échanges de pratique). Les soignants en exercice expriment le besoin de formations (en ligne ou en présentiel), tandis que les étudiants citent des dispositifs de soutien universitaire. En matière d’aide collective, les professionnels de santé attendent avant tout un soutien de la part des syndicats et ordres professionnels, et dans une moindre mesure des institutions nationales ou régionales (organisation des soins, sécurité sociale, ARS). Les sondés plébiscitent surtout plus de moyens humains, matériels et financiers et la nécessité de développer l’attractivité professionnelle. 

 

Que retenez-vous de cette étude ? 

Qualité des soins, sécurité des pratiques et sérénité des soignants sont totalement articulés. Redonner confiance, sens et perspectives aux professionnels de santé en activité ou en formation est une nécessité de santé publique.  Nous allons nous appuyer sur cette étude pour proposer des actions de prévention et des solutions d’accompagnement aux soignants en souffrance afin de contribuer à l’amélioration de leur qualité de vie au travail et ainsi à la sécurité des soins qu’ils prodiguent. Prendre soin de ceux qui nous soignent apparaît comme une nécessité de santé publique. Il y a urgence. 

Retrouvez ici le communiqué de presse de la publication de cette étude

 

 * Enquête réalisée entre le 2 novembre et le 22 décembre 2022.  

** 2 593 répondants professionnels de santé en exercice (1 332 exercent en établissement de santé et 1 261 sont libéraux) et 174 répondants étudiants (103 paramédicaux et 71 médicaux).