La césarienne chez la vache : une pratique courante
En pratique bovine, l’obstétrique arrive en effet en tête du taux de sinistres et, dans cette discipline, ce sont les complications de la césarienne qui dominent.
Mais il convient de ne pas perdre de vue que ce taux de sinistres relativement élevé est d’abord dû au fait que la césarienne est l’opération chirurgicale la plus pratiquée en médecine vétérinaire rurale : il s’en pratique 500 000 par an en Belgique selon HANZEN (2010).
Le taux de complications est situé entre 2 et 5% selon les auteurs. HANZEN cite un taux de mortalité de 0,2%.
Les conditions de réalisation de l’acte, parfois physiquement éprouvant, presque toujours entrepris dans l’urgence, par un praticien seul qui peut, en période de vêlages en zones allaitantes, être fatigué, voire épuisé, agissant sans équipe chirurgicale ou obstétricale pour l’assister - contrairement à ce qui se passe en médecine humaine ou même tout simplement en pratique canine - peuvent expliquer ce taux relativement élevé de sinistralité qui tend à se maintenir. Ajoutons que l’environnement opératoire n’est pas forcément idéal en matière de confort, d’hygiène et de sécurité.
En définitive on pourrait dire de la même manière qu’un aussi faible taux de complication est une prouesse, eu égard aux conditions de réalisation d’un acte chirurgical majeur, comportant une large ouverture de la cavité générale en milieu septique.
La littérature converge pour mettre l’accent sur les points critiques suivants quand la responsabilité est retenue :
- la mauvaise qualité des sutures utérines (défaut d’étanchéité, lâchage de nœuds, rupture de ligature),
- un problème lié à l’hémostase mal maîtrisée,
- un problème lié à la lésion d’un organe gastro-intestinal,
- un problème lié à un défaut d’asepsie.
Dans ces sinistres, les péritonites séro-fibrineuses sont classiques et fréquentes et liées le plus souvent à une ou plusieurs des causes précédemment listées.
Ajoutons que l’expérience de l’obstétricien-chirurgien est souvent pointée du doigt comme insuffisante à travers un fort taux (25%) de mise en cause des assistants, remplaçants et de façon générale des jeunes collaborateurs.
Dans ces cas, le taux de prise en charge par l’assurance est autour de 75%.
Enfin la césarienne sur torsion utérine ou bien aussi après échec de manœuvres obstétricales de réduction de dystocies par malposition fœtale ou bien après échec de tentatives d’extraction forcée, voit son taux de complications très nettement accru.
En tout état de cause, la fatalité ne peut et ne doit constituer une explication suffisante et satisfaisante à un taux de complications encore un peu élevé et à une sinistralité relativement forte.
Adopter une attitude préventive
Il convient d’adopter une attitude préventive combative.
Elle passe par l’information et la formation de l’éleveur dans le but d’obtenir les conditions de réalisation optimales des interventions (confort, sécurité, hygiène, éclairage, bonnes pratiques en matière de première aide obstétricale).
Elle suppose le réflexe du diagnostic complet de la situation lors de la prise en charge par le praticien.
La prévention passe par l’information claire de l’éleveur sur les risques de l’intervention dès lors que la césarienne doit être réalisée dans un contexte particulier (pathologie infectieuse sur le cheptel, torsion utérine, antécédents concernant la femelle en vêlage…) afin d’obtenir son consentement préalable à la prise de risque accru.
Elle passe enfin par toutes les remises en cause de sa propre technique et de ses habitudes en matière de biosécurité, d’asepsie, de conservation des ligatures dans la voiture (notamment ligatures synthétiques résorbables), de souci de l’hémostase mais aussi de technique de ligature et de suture.
Le pire obstacle au progrès et à la prévention des événements indésirables graves - et donc des mises en cause - est sans doute l’autosatisfaction, le rejet de la démarche scientifique, laquelle comporte la recherche objective des causes.
Même si le taux de complications de la césarienne bovine est faible, eu égard à sa fréquence et aux conditions de réalisation d’une intervention majeure de chirurgie abdominale au milieu d’une étable, il reste possible, par une démarche scientifique constante, de l’améliorer, pour le bien-être de l’animal, la satisfaction de l’éleveur et le bonheur du vétérinaire.