Envoi d’un SMS et défaut de diagnostic d’un hématome
Un patient, qui prévoit de partir en vacances le lendemain, est opéré par un chirurgien orthopédiste d’un canal carpien.
Comme convenu, le patient reçoit à J2 l’appel de l’infirmière de l’établissement de santé, dont les questions non ciblées ne mettent pas en évidence de problèmes particuliers.
48 heures plus tard, se plaignant en fait de dysesthésies dans le majeur, le patient, qui dispose du numéro de téléphone portable de son chirurgien, lui fait part de son inquiétude par SMS. Ce dernier lui demande alors une photographie de la cicatrice. Cette photo, du fait de son angle de prise, s’avère rassurante.
Pour autant, huit jours plus tard, le patient est contraint de consulter aux urgences du centre hospitalier sur son lieu de vacances et est opéré en urgence d’un hématome compressif. Les troubles sensitifs ne récupèreront que partiellement.
Il est reproché au chirurgien de ne pas avoir été assez précautionneux lors de l’appel du patient lui faisant part d’anomalies cliniques, avec une photographie qui, rétrospectivement, pouvait alerter.
Cet attentisme chirurgical est responsable d’une perte de chance de 50 % de connaître une évolution favorable de cette complication hématique non fautive.
A retenir
Les photographies de site opératoire, comme d’ailleurs toute photographie, peuvent être trompeuses. Tout rappel du patient, que ce soit par téléphone ou par mail ou SMS, doit inciter à la prudence et amener à proposer une consultation.
Téléconsultation postopératoire et défaut de diagnostic d’une souffrance cutanée
Un chirurgien opère une femme de 85 ans d’une arthroplastie de hanche. Il lui propose, comme il le fait pour tous ses patients, une téléconsultation de contrôle à J21. Comme on peut l’imaginer, la patiente éprouve quelques difficultés pour se positionner correctement devant la caméra et, malgré des efforts louables, n’y parvient pas.
Le praticien, impressionné par la bonne forme de cette patiente âgée et par les efforts qu’elle déploie, l’interroge sur l’état de sa cicatrice. Elle répond qu’elle lui paraît propre mais la démange. Le chirurgien se montre rassurant et lui explique qu’il s’agit d’une réaction normale liée à la cicatrisation.
En fait, on apprendra qu’il existait encore deux agrafes sur la peau à l’origine d’une souffrance cutanée, puis d’une surinfection à l’origine d’une infection de la prothèse.
La responsabilité du chirurgien est retenue en expertise. Il lui est reproché une mauvaise évaluation de l’aptitude de cette femme âgée à téléconsulter.
L’infirmière qui a procédé à l’ablation des agrafes et en a oublié deux est mise en cause, la responsabilité de l’évolution défavorable devant être partagée.
Les conseils de prudence de la MACSF
Ces nouveaux moyens de communication peuvent être des outils extraordinaires : ils permettent une transmission de l’information au plus vite et le maintien d’un contact étroit avec son patient.
Un certain nombre de précautions sont cependant à respecter :
- Le patient doit être apte à comprendre les questions posées par le praticien, les signes d’alerte et être capable d’exprimer clairement son ressenti fonctionnel.
- Le praticien, quant à lui, doit considérer tout rappel du patient comme un signe d’alerte qui doit le conduire à proposer une consultation. L’absence d’une telle proposition est non seulement potentiellement préjudiciable mais, qui plus est, génératrice d’un sentiment d’abandon ou d’indifférence pour le patient. Elle peut être source de procédure, même s’il n’y a aucun manquement à relever dans la prise en charge (par exemple en cas de rappel pour des symptômes relevant d’une algodystrophie).
Pour conclure
N’omettons pas que nos téléconsultations se doivent d’être tracées dans notre dossier médical et obéir à une checklist, comme pour chaque intervention chirurgicale réalisée.