Une épicondylite latérale qui va nécessiter de l'huile de coude
Une femme de 42 ans présente une épicondylite latérale de son membre dominant depuis deux ans, avec un bilan d’imagerie par échographie et IRM qui authentifie une désinsertion partielle des tendons épicondyliens.
Le traitement comporte initialement des séances de rééducation et deux infiltrations de corticoïdes.
L’évolution n’est malgré tout pas favorable et la symptomatologie douloureuse s’aggrave.
Un orthopédiste prescrit un protocole de kinésithérapie par massages transverses profonds au niveau de l’épicondyle latérale.
Au décours immédiat d’une première séance de massages transverses profonds, la patiente présente un déficit d’extension du poignet et des doigts longs de la main droite.
Un électromyogramme confirme une atteinte élective de la branche motrice du nerf radial au niveau de l’épicondyle latérale.
L’évolution spontanée se fait vers une lente récupération, néanmoins insuffisante, nécessitant une chirurgie de libération de cette branche motrice sous l’arcade de Fröhse, à six mois.
Cette intervention permet une récupération neurologique motrice quasi-complète (de l’extension du poignet et des doigts longs).
Une autre origine à garder sous le coude
L’analyse du dossier médical, notamment le dossier de l’orthopédiste, montre l’existence avant tout massage transverse profond d’une faiblesse de l’extension du poignet droit et d’un signe de Tinel positif au coude.
Ceci permet d’affirmer que la patiente présentait avant tout geste une compression de la branche motrice du nerf radial au niveau du coude.
Il s’agit d’un syndrome canalaire, dans ce cas favorisé par l’inflammation des tendons épicondyliens.
La patiente présentait donc deux causes à ses douleurs latérales du coude : une cause tendineuse, classique, et une cause neurologique, beaucoup plus rare.
Le massage transverse profond comporte un risque connu de parésie du nerf radial, soit par massage mal localisé, soit par décompensation d’un syndrome canalaire préexistant, comme c’est le cas ici.
Dans le contexte ici présent, la survenue d’une neurapraxie (interruption de la conduction de l’influx nerveux) de la branche motrice du nerf radial est un accident médical non fautif, répondant à la définition de l’aléa thérapeutique, complication non fautive, imprévisible et rare.
En pratique...
- Il est possible d’avoir plusieurs étiologies à une souffrance locorégionale.
- Le massage transverse profond du kinésithérapeute, réalisé à l’endroit adapté, ne peut pas expliquer une complication neurologique.
- Rappelons la nécessité de parfaitement maîtriser les techniques manuelles compressives, afin d’éviter toute complication notamment neurologique.