Vérification formelle de la validité de l’ordonnance
La présentation de l’original de l’ordonnance est obligatoire, conformément à l’article R5132-22 du Code de la santé publique (CSP).
Le pharmacien doit vérifier :
- la validité de l’ordonnance et l’identité du patient, dans la mesure de ses moyens ;
- la régularité formelle de l’ordonnance (date, durée du traitement) mais aussi le respect de la réglementation dont relève le médicament prescrit. Par exemple, certains médicaments nécessitent une ordonnance sécurisée ;
- la qualification du prescripteur selon les médicaments prescrits : en effet, certains médicaments ne peuvent être prescrits qu’à l’hôpital, ou la prescription n’est réservée qu’à certains spécialistes (chirurgiens-dentistes, sages-femmes, etc.) ;
- le recueil de l’accord de soins et la réalisation des examens préalables et/ou périodiques auxquels la délivrance de certains médicaments est, le cas échéant, subordonnée.
Analyse de l'ordonnance
Plusieurs responsabilités incombent au pharmacien
- Détecter la présence d’éventuelles interactions entre les médicaments délivrés au cours d’un même acte de dispensation mais également – et cela paraît plus compliqué dans les faits - avec ceux qui ont pu être dispensés antérieurement (avec ou sans prescription) et dont le pharmacien a connaissance.
- Dans le cas où une interaction a été détectée, évaluer le mécanisme en cause, les conséquences cliniques éventuelles et la possibilité de remplacer le médicament par un autre, avec l’accord du prescripteur (article L5125-23 du CSP).
- si nécessaire, évaluer le choix d’une molécule (en fonction des recommandations pour la pratique clinique et du profil patient) et proposer, le cas échéant, un traitement mieux adapté au prescripteur qui peut établir une nouvelle ordonnance ou donner son accord au pharmacien pour qu’il délivre un autre médicament.
- Refuser la dispensation d’un médicament, conformément à l’article R4235-61 du CSP, lorsque l’intérêt de la santé du patient lui paraît l’exiger. Le pharmacien doit alors informer immédiatement le prescripteur de son refus et le mentionner sur l’ordonnance.
Lorsqu’un problème est identifié, la rédaction d’une intervention pharmaceutique est conseillée.
Excepté le cas particulier des génériques, relevant du droit de substitution, le pharmacien ne peut délivrer un médicament autre que celui qui a été prescrit qu’avec l’accord exprès et préalable du prescripteur, sauf en cas d’urgence et dans l’intérêt du patient. En cas d’urgence, le pharmacien doit informer le prescripteur dans les meilleurs délais.
Un recueil d’information nécessaire
Pour analyser la prescription, le pharmacien doit disposer d’informations concernant le patient et ses traitements en cours. Dans ce but, il peut :
- recueillir dans l’historique du logiciel d’aide à la dispensation, mais également auprès du patient, les informations nécessaires telles que son âge, son sexe, son poids, sa taille, ses traitements en cours, ses antécédents allergiques, ses contre-indications, son état de grossesse ou d’allaitement ;
- recueillir dans le dossier médical personnel (DMP) s’il existe, mais également auprès du patient et/ou du prescripteur les résultats des analyses biologiques, les états physiopathologiques, les antécédents pathologiques, le diagnostic établi par le médecin chaque fois qu’il le juge nécessaire, notamment dans l’objectif de détecter d’éventuelles contre-indications aux médicaments prescrits ;
- compléter le dossier pharmaceutique (lorsqu’il existe) pour assurer une analyse pharmaceutique plus exhaustive, prenant en compte l’ensemble des médicaments délivrés avec ou sans prescription médicale, enregistrés dans le dossier pharmaceutique.
Que faire face à une ordonnance rédigée dans un pays de l’Union européenne (UE), ou dans un pays hors UE ?
Si l’intérêt du patient le justifie, le pharmacien peut :
- dispenser la quantité minimale nécessaire pour assurer la continuité du traitement afin de permettre au malade d’obtenir une prescription valide ;
- dans le cas particulier des stupéfiants, si la prescription établie à l’étranger ne comporte pas toutes les spécifications techniques requises, dispenser la quantité minimale nécessaire pour assurer la continuité du traitement et permettre au malade d’obtenir une prescription respectant ces conditions.
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