Comment prévenir les risques de fugue ?
Le personnel soignant doit indiquer concrètement quels sont les risques redoutés (fugue, surveillance par un personnel ne disposant pas de la compétence nécessaire, non disponibilité du matériel nécessaire à une bonne prise en charge…).
Ceci conduit également à chercher rapidement une place dans un service adéquat (en gardant une trace des démarches écrites ou téléphoniques dans le dossier du patient) tout en assurant une prise en charge temporaire correcte.
Ce patient fugueur doit ainsi être placé dans une chambre située près du bureau des soignants et non près de l’issue de secours.
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Une première fugue sans conséquence (le patient ayant par exemple été retrouvé dans l’établissement) implique une réaction (changement de chambre, renforcement de la surveillance) car la suivante pourrait avoir des conséquences beaucoup plus graves.
En cas d'admission fréquente de patients fugueurs
Il est très important de demander (si possible par écrit) que le service soit sécurisé. Il existe en effet des moyens techniques pour éviter ou découvrir rapidement les fugues, comme des codes aux portes d’entrée du service (qui se déconnectent en cas d’incendie) ou des bracelets aux poignets des patients, qui ne constituent pas une atteinte intolérable à leur liberté d’aller et venir.
En revanche, la contention mécanique au fauteuil ou au lit peut présenter des risques importants et n’est pas un moyen admis de prévention des fugues. Les recommandations de bonnes pratiques de la HAS "Isolement et contention en psychiatrie générale" (février 2017) n’envisagent les contentions mécaniques que dans des cas très exceptionnels, avec la surveillance adaptée (cf. synthèse contention mécanique en psychiatrie générale).
Quelle responsabilité pour le personnel soignant ?
D’une manière générale, la fugue du patient n’entraîne pas automatiquement la responsabilité des membres de l’équipe chargée de le surveiller mais peut révéler une faute de celle-ci.
Ainsi, en cas de réclamation de la part du patient ou de sa famille, il sera recherché :
- quel a été le bilan d’entrée,
- l’avis du médecin ayant procédé à l’examen d’admission,
- les remarques du personnel soignant,
- les consignes de surveillance données pour ce patient,
- les protocoles qui ont été mis en place dans le service (s’ils sont retrouvés).
Outre ces éléments, les experts et les magistrats attachent une grande importance à la surveillance réellement réalisée (plus qu’à celle prévue), au délai séparant la fugue de sa découverte et à la rapidité de la réaction de l’infirmière qui a constaté l’absence du patient.
Elle doit alors, à l’issue de ses premières recherches dans le service, l’étage ou le bâtiment selon la configuration et la taille des lieux, mettre en œuvre la "procédure fugue" prévue pour l’ensemble de l’établissement qui, le plus souvent, passe par l’administrateur ou le cadre de garde.
Toute infirmière est censée connaître les procédures de l’établissement ou en demander communication si elles ne lui ont pas été fournies spontanément.
La sécurité du patient, un engagement collectif
Ici aussi, la traçabilité est très importante, non seulement des démarches faites face à la présence d’un patient fugueur dans un service qui n’est pas organisé pour le recevoir, mais également et surtout de la surveillance que l’on a personnellement réalisée et de la transmission de ses observations, notamment au médecin assurant la prise en charge de ce patient.
Comme la sécurité des patients est l’affaire de tous, elle engage la responsabilité de tous les membres de l’équipe, selon leurs missions respectives.