Sécurité du patient au bloc opératoire, genèse de la check-list
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Quelle est la nouveauté de la check-list dans sa version 2016 ?
L’innovation de la check-list, dans sa version 2016, concerne les points de vigilance spécifiques lors d’interventions sur des enfants.
En effet, la HAS estime que la prise en charge au bloc opératoire d’enfants en bas âge (moins de 6 ans) nécessite des précautions supplémentaires.
La check-list sécurité du patient au bloc opératoire en chirurgie infantile reprend donc la check-list sécurité du patient au bloc opératoire mais répertorie 5 points de vigilance spécifiques identifiés chez l’enfant.
En effet, lors d’interventions sur des enfants, la HAS recommande :
- d’associer, impérativement, les parents lors de la vérification de l’identité de l’enfant, de l’intervention et du site opératoire ;
- de disposer d’une autorisation d’opérer signée par les parents ou par le représentant légal. Cette exigence est d’ailleurs incluse dans le point n° 1 relatif à la vérification de l’identité du patient ;
- de prévoir une installation, du matériel et des prescriptions adaptés à l’âge, au poids et à la taille de l’enfant ;
- de prévenir l’hypothermie peropératoire ;
- de définir des seuils d’alerte spécifiques pour la période postopératoire.
Ces précautions spécifiques relatives à la prise en charge d’enfants au bloc opératoire, sont destinées à sécuriser le parcours de soins des plus jeunes.
Leur respect pourrait permettre de diminuer la réalisation de certains événements indésirables au bloc.
Quelle est la nouveauté de la check-list dans sa version 2018 ?
En 2018, la HAS propose une nouvelle actualisation de la check-list dont le principal objectif est de renforcer la participation effective de l’ensemble de l’équipe à la réalisation de la check-list.
Il s’agit de permettre qu’une décision collégiale soit prise avant l’incision afin d’acter la poursuite de l’intervention (Go) ou son arrêt immédiat et imprévu (No Go).
La HAS met l’accent sur le travail en équipe en précisant trois objectifs d’égale importance :
- Vérifier les éléments indispensables à la bonne prise en charge des patients.
- Ensemble et en équipe en permettant de questionner, d’échanger et de partager les points de vue.
- Pour décider, notamment de la poursuite ou non de l’intervention.
Elle crée également un cadre dédié à la traçabilité de la décision finale prise : "Go" ou "No Go".
Cet encadré est à remplir à la fin des deux temps de pause proposés dans la check-list, une fois que tous les étapes précédentes ont été validées (avant induction anesthésique et avant intervention chirurgicale).
Cette ultime précaution vise à proposer un bilan de vérification préopératoire de tous les éléments qui concourent au bon déroulement de l’acte chirurgical et de permettre que l’intervention se déroule dans des conditions optimales.
Quelle est la nouveauté de la check-list dans sa version 2023 ?
La check-list "Sécurité du patient au bloc opératoire", a fait scientifiquement la preuve de son efficacité pour réduire le risque d’événements indésirables associés aux soins, et notamment les complications péri-interventionnelles.
Cependant, en mars 2023, la HAS fait le constat qu’elle n’est pas toujours utilisée de manière optimale par les professionnels de santé. Afin d’en améliorer l’efficience et de la "reconnecter à son enjeu", la HAS propose donc deux nouvelles versions de la check-list.
Trois "options" de check-list sont ainsi disponibles :
- La check-list "générique" (actuelle), prête à l’emploi et adaptée à tous types de chirurgie car conçue pour être utilisée par toutes les équipes du bloc opératoire et pour toutes les spécialités.
- Une check-list spécialisée, prête à l’emploi également mais adaptée aux spécificités chirurgicales ou interventionnelles et conçue avec les sociétés savantes ou organisations professionnelles de la spécialité.
- Une check-list personnalisée, correspondant à la check-list générique adaptée dans son contenu ou sa forme par les professionnels de santé l’utilisant. En ce sens, la HAS met à la disposition des professionnels une fiche synthétique "Elaborer une check-list personnalisée pour la sécurité du patient au bloc opératoire/interventionnel" pour les aider à concevoir leur outil sans oublier un socle de vérifications croisées impératives d’informations primordiales avant, pendant et après l’intervention.
La HAS cherche à favoriser la mise en place de la check-list en l’adaptant au "contexte local de l’établissement" et "aux spécificités de la discipline".
La HAS encourage ainsi les professionnels de santé à s’approprier cet outil en l’adaptant au plus près de leur pratique.
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Rappel sur les 11 points de vigilance de la check-list au bloc opératoire à respecter
Dans ses recommandations, la HAS met en avant 11 points de vigilance, divisés en trois phases.
Ces points doivent être vérifiés oralement, en présence de l’équipe médico-soignante et avec la participation du patient (avant son anesthésie).
Leur réalisation doit également être tracée sur support papier ou électronique par un coordonnateur check-list. La HAS précise que, le plus souvent, il s’agit du personnel infirmier, en coordination avec le chirurgien et l’anesthésiste responsables de l’intervention ou, le cas échéant, avec le professionnel qualifié en chirurgie ou anesthésie auquel a été délégué un temps opératoire.
Phase 1
Avant l'induction anesthésique - Temps de pause avant anesthésie
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Point 1 : Identité du patient
Le patient doit décliner son identité. S’il est incapable de le faire, la vérification de l’identité est effectuée par le personnel en salle selon la procédure d’identitovigilance mise en place dans l’établissement (bracelet, personnel d’accompagnement…).
Point 2 : Nature de l'intervention et site opératoire
Le patient confirme la nature de l’intervention et le site opératoire. Une vérification, à travers le dossier ou par toute autre procédure en vigueur dans l’établissement ou recommandée par les collèges professionnels de la spécialité, doit être, dans tous les cas, effectuée.
Point 3 : Installation du patient
L’installation du patient doit être cohérente avec la nature de l’intervention envisagée (disponibilité des accessoires, choix du plateau...). Le mode d’installation du patient doit être connu de l’ensemble de l’équipe présente dans le bloc.
Point 4 : Préparation cutanée
La préparation cutanée est documentée dans la fiche de liaison service/bloc opératoire. Elle doit être réalisée en amont, selon les procédures en vigueur dans l’établissement.
Point 5 : Équipement et matériel
L’équipement et le matériel nécessaires pour l’intervention doivent être adaptés au poids et à la taille du patient.
Le personnel qualifié vérifie la disponibilité et le bon fonctionnement des instruments, appareils, dispositifs médicaux nécessaires pour la partie chirurgicale. Les procédures de vérification de sécurité anesthésique doivent être effectuées selon la réglementation en vigueur par le personnel qualifié en anesthésie.
Point 6 : Risques allergiques, respiratoires et hémorragiques
Les mesures indispensables et adéquates en cas de risques allergiques, respiratoires et hémorragiques doivent être adoptées.
Phase 2
Avant l'intervention chirurgicale - Temps de pause avant l'incision
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Point 7 : Vérification "ultime" de points concernant l’intervention
Cette vérification doit être menée par l’ensemble de l’équipe présente au bloc opératoire : chirurgien(s), anesthésiste(s) et IADE - IBODE/IDE.
L’identité du patient, l’intervention prévue et le site opératoire doivent être vérifiés et confirmés une seconde fois.
Le chirurgien doit également vérifier que l’installation du patient est correcte et en adéquation avec l’intervention et le site opératoire (elle ne doit présenter aucun danger pour le patient).
La HAS précise également qu’il convient de vérifier, au plus tard à ce moment de la procédure, de la disponibilité en salles des documents cliniques nécessaires (notamment imagerie).
Point 8 : Partage oral d’informations essentielles concernant les éventuels points critiques
Ces informations doivent être communiquées au sein des équipes chirurgicale, anesthésique et infirmière aux fins d’anticiper les situations à risque.
- Sur le plan chirurgical : les membres de l’équipe doivent être informés des étapes qui peuvent exposer le patient à un risque d’hémorragie importante, de traumatisme ou d’autres causes de morbidité majeure, ou encore les étapes nécessitant un équipement spécial, des implants ou des préparations particulières…
- Sur le plan anesthésique : une communication sur les comorbidités ou traitements en cours doit être effectuée (anticoagulants, antihypertenseurs, antidiabétiques…).
- Sur le plan infirmier : le personnel doit confirmer qu’il n’y a pas de problème particulier avec le matériel nécessaire à l’intervention.
Point 9 : Antibioprophylaxie, si elle est recommandée, et préparation du champ opératoire
L’équipe doit vérifier que l’antibioprophylaxie, si elle est recommandée, a bien été effectuée selon les recommandations et protocoles en vigueur dans l’établissement. La préparation du champ opératoire, selon le protocole en vigueur dans l’établissement, doit être confirmée.
Phase 3
Après l'intervention chirurgicale - Temps de pause avant la sortie de la salle d'opération
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Point 10 : Confirmations orales
L’équipe confirme oralement le type d’intervention réalisée et, s’il y a lieu, le décompte final correct des instruments, aiguilles, compresses… ainsi que l’identification par étiquetage des prélèvements ou pièces opératoires réalisés. Il est également nécessaire que tout dysfonctionnement éventuellement rencontré pendant l’intervention soit déclaré par l’équipe.
Point 11 : Réalisation conjointe des prescriptions et de la surveillance postopératoires par l’équipe chirurgicale et anesthésique
Ces prescriptions doivent être adaptées à l’âge, au poids et à la taille du patient.
La HAS précise également qu’en cas d’écart à la check-list, la décision concertée de poursuivre ou d’interrompre la procédure chirurgicale doit être précisée sur le document check-list dans la plage réservée à cet effet.
Enfin, la check-list doit être signée par le chirurgien, l’anesthésiste ou l’IADE et par le coordonnateur check-list.
Comment utiliser la check-list "Sécurité du patient au bloc opératoire" ?
Sur son site Internet, la HAS tire un bilan positif de la check-list dans la mesure où celle-ci est connue par de nombreux professionnels travaillant au bloc opératoire et est utilisée pour la plupart des interventions.
En revanche, la HAS estime qu’elle n’est pas utilisée de manière optimale "notamment lors du partage des informations au sein de l’équipe pendant la pause préopératoire et pour les prescriptions conjointes avant la sortie du bloc opératoire".
La check-list n’est efficiente que si elle est correctement utilisée.
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Elle doit être réalisée de manière collégiale et concertée entre les différents professionnels de santé et avec le patient (ou ses parents) avant, pendant et après l’intervention.
La HAS rappelle qu’elle ne doit pas être remplie comme un formulaire administratif, "vidé de son sens et sans la participation de tous les membres de l’équipe". Les professionnels de santé "doivent se l’approprier, si nécessaire l’adapter, et la réaliser de manière concertée avant, pendant et après l’intervention chirurgicale".
En ce sens, la HAS a travaillé avec des sociétés savantes et organisations professionnelles pour réaliser des check-list adaptées à certains domaines spécifiques :
- check-list "Sécurité du patient en endoscopie bronchique",
- check-list "Sécurité du patient en endoscopie digestive",
- check-list "Sécurité du patient en radiologie interventionnelle",
- ou encore la check-list "Chimiothérapie"…
En tout état de cause, pour favoriser une meilleure utilisation de la check-list, la HAS et ses partenaires mettent à disposition différents supports : guides de présentation, fiches synthétiques d’information, supports d’auto-évaluation, suivi d’indicateurs…
Différents documents permettent d’appréhender et d’utiliser efficacement la check-list, comme par exemple :
- un document intitulé "Pour une meilleure utilisation de la check-list sécurité du patient au bloc opératoire" ;
- ou encore un document "Check-list en pratique", qui propose une démonstration vidéo de la mise en œuvre de la check-list sécurité du patient au bloc opératoire.