Une paralysie ascendante symétrique...
Après sa chute, le patient sera transporté aux urgences du centre hospitalier voisin où le diagnostic de syndrome de Guillain-Barré sera posé. Il sera dans un premier temps admis en neurologie où un traitement par Tegeline® sera mis en route.
Pour autant, les troubles moteurs s’aggraveront, le patient devenant tétraparétique en 4 jours. Il sera alors transféré en réanimation, intubé et bénéficiera de 6 plasmaphérèses permettant une amélioration de son état et sa sortie au bout de 15 jours.
Il devra cependant rester encore 6 mois en service de médecine puis encore 6 mois dans un service de rééducation avant de pouvoir retourner à domicile et poursuivre sa rééducation en hôpital de jour.
Malgré cette prise en charge, la récupération sera incomplète, le patient présentant encore 2 ans après le syndrome de Guillain-Barré, un déficit incomplet moteur des deux membres inférieurs, la marche ne pouvant se faire qu’avec un steppage. Il sera également constaté des troubles cognitifs notables (difficultés d’attention, de concentration et de mémoire) et une répercussion psychologique importante liée à cette complication. La reprise du travail ne sera alors possible qu’au prix d’un mi-temps thérapeutique.
Il engagera alors une procédure CCI à l’encontre de son médecin traitant et du laboratoire GSK, fabricant du vaccin, espérant réparation de ses préjudices au titre de l’aléa thérapeutique.
L'avis rendu par la CCI
Reprenant les conclusions expertales :
- La CCI écartera toute responsabilité du médecin généraliste puisque le rappel vaccinal avec une valence coqueluche est recommandé chez l’adulte à l’âge de 25 ans et qu’un rattrapage jusqu’à 39 ans est toujours possible si le rappel n’a pas été fait à 25 ans.
- De même, la responsabilité du laboratoire sera écartée, la survenue d’un syndrome de Guillain-Barré étant un effet indésirable connu, très rare avec ce vaccin (1 cas de syndrome de Guillain-Barré pour 10 000 doses de vaccin Boostrixtetra® injectées) et mentionné sur la notice du produit.
L’aléa thérapeutique sera donc reconnu et la prise en charge des préjudices supportée par l’ONIAM.
Le syndrome de Guillain Barré, un effet indésirable très rare de la vaccination
Cette histoire nous donne l’occasion de rappeler que le syndrome de Guillain-Barré, également appelé polyradiculonévrite démyélinisante aiguë, est une atteinte dysimmunitaire des nerfs périphériques qui se traduit par une paralysie rapide débutant le plus souvent au niveau des membres inférieurs puis remontant vers le haut du corps, pouvant atteindre parfois des muscles respiratoires et les nerfs crâniens.
C’est une maladie potentiellement grave pouvant notamment engager le pronostic vital en cas d’atteinte des muscles respiratoires. La récupération est cependant le plus souvent complète :
- environ 5 % des patients décèdent,
- environ 10 % conservent des séquelles motrices.
Le risque de séquelles apparaît d’autant moins important que la prise en charge clinique est précoce. Ce qui, en théorie, devrait amener les médecins "vaccineurs" à mettre en garde de principe leurs patients contre de potentielles complications toujours possibles même si exceptionnelles, et ce, en soulignant la nécessité de reconsulter au plus vite au moindre signe anormal au décours, en particulier sur le plan neurologique.
Précisons cependant que, dans la majorité des cas (près de deux tiers), le syndrome de Guillain-Barré survient sans qu’aucune vaccination n’ait eu lieu, étant simplement retrouvé un épisode infectieux aigu viral ou bactérien trois semaines à un mois plus tôt.
La grippe est d’ailleurs, tout autant que le vaccin antigrippal, considérée comme un facteur de risque possible du syndrome de Guillain-Barré. Cela peut, dans certains cas, rendre complexe l’affirmation d’une imputabilité du syndrome au vaccin ou à la maladie…
Malgré la gravité de ce type de complication, la balance bénéfice/risque reste donc en faveur de la vaccination, quelle qu’elle soit…