La placentophagie, ou manger son placenta : entre bénéfices controversés et risques possibles pour la santé
La placentophagie consiste à consommer le placenta après l’accouchement, cru, cuit ou sous forme déshydratée puis encapsulée.
Cet organe éphémère :
- aurait des vertus nutritives et énergétiques ;
- faciliterait les suites de couches (réduction de la douleur, diminution de la fatigue, prévention de la dépression du post-partum, stimulation de l’allaitement…) en raison de sa haute teneur en hormones, vitamines et minéraux dont le fer.
Plusieurs sites Internet proposent des recettes de cuisine parfois assez audacieuses…
Pourtant, aucune étude scientifique n’a démontré à ce jour les vertus de la consommation de placenta sur la santé. Les quelques études ayant analysé la teneur en hormones et minéraux dans le placenta humain encapsulé concluent que les concentrations moyennes seraient trop faibles pour espérer un bénéfice thérapeutique.
En revanche, certains médecins alertent sur les dangers possibles de la placentophagie :
- Risque de contamination pour les mères (et leur bébé) suite à l’ingestion de placenta qui n’aurait pas été suffisamment préparé pour détruire tous les virus et bactéries.
- Risque d’infections lors de la manipulation du placenta.
- Risque pour la santé en raison de l’accumulation de toxines dans cet organe.
Ainsi, aucune étude scientifique ne vient attester des bénéfices de la consommation de cet organe tandis que les risques de contamination sont, quant à eux, bien réels.
Le statut juridique du placenta : la femme n’en est pas propriétaire
L’article 16-1 de notre Code civil rappelle que "le corps humain, ses éléments et ses produits ne peuvent faire l’objet d’un droit patrimonial". Selon cet article, la femme n’est donc pas propriétaire de son placenta.
Après l’accouchement, il n’existe que deux possibilités :
- Soit le placenta devient un déchet opératoire et doit suivre la procédure d’incinération prévue pour tous les DASRI (déchets d’activités de soins à risques infectieux) conformément à l’article R.1335-1 du Code de santé publique.
- Soit il est collecté dans un but scientifique ou thérapeutique. En France, la collecte de produits du corps humain est encadrée par la loi de bioéthique de 1994, révisée en 2011. Selon cette dernière, le placenta ne peut être collecté qu’à des fins thérapeutiques ou scientifiques, si la patiente ne s’y est pas opposée.
Face à ce phénomène et à la création de sociétés proposant de transformer le placenta des femmes en gélules contre rémunération, le ministre de la Santé a précisé à nouveau le statut du placenta. La circulaire n° 2012-328 du 31 août 2012 relative aux conditions d’utilisation du placenta, du cordon ombilical et des cellules qui les constituent, rappelle le cadre règlementaire : "il est donc interdit aux parturientes de récupérer leur placenta après leur accouchement ou de confier le placenta et/ou le cordon à des organismes qui ne sont pas autorisés à les préparer, les conserver et les distribuer sous quelque forme que ce soit (médicament ou produit cellulaire)".
A retenir
En France, il est ainsi strictement interdit aux différents professionnels de santé de remettre le placenta à la patiente qui en ferait la demande à des fins personnelles.
La même solution vaut pour les demandes de récupération du placenta, non à des fins de consommation, mais pour fertiliser les sols, par exemple.