Une tuméfaction pas si bénigne
Un homme de 60 ans fait une analyse biologique à la demande d’une banque de financement auprès de laquelle il a formulé une demande de prêt.
À réception des résultats, le médecin conseil de la banque s’étonne que le PSA soit à 16. Or, le résultat de biologie de l’année précédente montrait déjà un PSA à 10. Aucune suite n’avait été donnée par le médecin traitant du patient.
Le médecin conseil de la banque ajourne le dossier au motif d’une anomalie biologique et conseille au prospect de voir son médecin traitant.
Le médecin traitant prescrit un bilan avec une échographie prostatique. Puis, un mois après, sur les conseils du radiologue, le patient fait une IRM qui se révèle pathologique. Il consulte alors un urologue qui effectue des biopsies prostatiques et vésicales.
Il est conclu à un cancer de la prostate Gleason 7 infiltrant le col de la vessie, métastatique au niveau ganglionnaire et osseux. Il est traité initialement par chimiothérapie puis par radiothérapie prostatique complémentaire.
Un an après le début de prise en charge, le patient revoit l’urologue pour son évaluation post-chimiothérapie. Il est considéré comme guéri avec un PSA à 0.06 et une rémission complète de sa maladie au TEP Scan à la Choline.
Il met en cause son médecin traitant, lui reprochant son attentisme.
Une négligence évidente dans la prise en charge
Les experts considèrent que le médecin traitant est responsable d’une double erreur conduisant à un retard de prise en charge :
- d’une part, après un premier PSA à 4, le PSA n’a pas été redemandé pendant plusieurs années alors que des examens biologiques ont été effectués, ce qui constitue une négligence évidente ;
- d’autre part, un PSA très élevé à 10 et surtout une élévation de ce PSA (qui est passé de 4 à 10 en quelques années) auraient dû conduire le médecin traitant à une étude morphologique de la prostate, ou au moins à une imagerie (IRM ou échographie). Ces démarches auraient amené à effectuer une biopsie et constater le cancer, permettant un traitement plus précoce.
À retenir
Ce cas illustre bien l’intérêt des formalités médicales d’assurance pour apprécier, à un moment donné, l’état de santé d’un prospect. Parfois, certains de ces examens peuvent révéler une anomalie pour laquelle l’assureur demande un contrôle.
Si celui-ci est toujours anormal, il va refuser ou ajourner la proposition d’assurance et conseiller au prospect de se rapprocher de son médecin traitant pour qu’il puisse poursuivre les investigations.
En effet, les médecins conseils de sociétés d’assurance n’ont pas à communiquer directement avec le médecin traitant, conformément aux recommandations du conseil de l’Ordre. Ils doivent passer par l’intermédiaire du patient.
Celui-ci doit donc utiliser au mieux l’appréciation assurantielle de son état de santé. Il doit décider seul de se rapprocher ou non de son médecin traitant afin que les investigations nécessaires soient réalisées.
Crédit photo : AMELIE-BENOIST / IMAGE POINT FR / BSIP