Médecins traitants : comment améliorer l’accès aux soins pour les patients ?
Garantir l’accès aux soins pour tous constitue un des enjeux majeurs en matière de santé pour les pouvoirs publics. Dans son rapport annuel, la Caisse Nationale d’Assurance Maladie apporte sa contribution à la réflexion engagée au niveau national.
Parmi ses propositions dédiées à l’organisation et à l’accès aux soins, l’Assurance Maladie évoque la nécessité de « déployer une boîte à outils » pour améliorer l’accès à un médecin traitant. L’idée générale est de libérer du temps pour les professionnels de santé en « créant une équipe autour du médecin généraliste ».
D’après l’Assurance Maladie, en 2021, 11 % des Français n’avaient pas de médecin traitant déclaré. Parmi ces personnes, on retrouve 5 % des patients souffrant d’affection de longue durée (ALD) et 6,5 % de seniors âgés de plus de 60 ans.
L’ambition est de permettre aux médecins de recevoir davantage de patients, tout en préservant la qualité des soins. Comme indiqué dans le rapport, la patientèle d’un médecin généraliste est composée aujourd’hui de 1060 patients en moyenne. Pour couvrir les besoins de la population définis grâce à des projections, chaque médecin devrait pouvoir recevoir, d'ici 2026, en moyenne 160 patients de plus.
Pour y parvenir, l’Assurance Maladie mise sur les propositions suivantes :
- Favoriser le déploiement des assistants médicaux pour libérer du temps pour les médecins ;
- Consolider la collaboration avec les infirmiers de pratique avancée (IPA) et les infirmiers Asalée* pour la prise en charge de patients atteints de maladies chroniques ciblées ;
- Alléger la charge administrative des médecins ;
- Faciliter le partage de tâches entre professionnels de santé, via le déploiement de protocoles de coopération.
* Action de Santé Libérale en Équipe : ce dispositif encadre la collaboration entre infirmiers et médecins dans le cadre du suivi des patients atteints de maladies chroniques.
Selon une étude de la Drees, la France comptait 214 224 médecins de moins de 70 ans en activité au 1er janvier 2021. Parmi eux, la Drees compte 44 % de médecins généralistes et 56 % de médecins spécialistes. 43 % exercent exclusivement en libéral.
Favoriser l’installation des médecins spécialistes en zone sous-dense
En France, les inégalités en matière d’accès aux soins se font particulièrement ressentir au niveau des médecines de spécialités. Afin d’accentuer la lutte contre les inégalités territoriales de santé, la CNAM préconise de développer la réalisation de consultations avancées dans les territoires les moins bien lotis par des médecins spécialistes issus de territoires mieux dotés.
Il s’agit ici d’organiser une présence ponctuelle de spécialistes libéraux ou hospitaliers, en dehors de leur lieu d’exercice habituel, à destination de populations éloignées de l’offre de santé.
Ce dispositif vient en complément des mesures incitatives liées à l’installation de médecins spécialistes en zones sous-denses, pour lesquelles la CNAM propose par ailleurs une simplification. L’Assurance Maladie recommande en effet de fusionner les contrats démographiques en un contrat unique afin de réduire la complexité des démarches.
Développer la téléconsultation assistée
En complément des consultations au cabinet médical et des visites à domicile, la téléconsultation apparaît comme un levier important pour améliorer l’accès aux soins, notamment dans les déserts médicaux. Toujours selon le rapport, au premier semestre 2022, près de 5 millions de téléconsultations ont été facturées, dont 84 % par des médecins libéraux.
Afin d’améliorer la qualité de ce système, l’Assurance Maladie mise sur le développement de la téléconsultation assistée. Cette méthode permet au patient d’être épaulé par un professionnel de santé (tel un infirmier) lors de la consultation à distance. Un système particulièrement adapté aux personnes âgées et/ou dépendantes.
Améliorer l’accès aux soins « non-programmés »
Afin de désengorger les urgences, l’Assurance Maladie souligne la nécessité d’améliorer l’offre d’accès aux soins en journée (consultations et visites sans rendez-vous). La CNAM propose pour cela de déployer un « service d’accès aux soins » (SAS) dans chaque territoire, accompagné d’un numéro de régulation, calqué sur le modèle du 15 pour le Samu.
Les solutions mises en œuvre cet été dans le cadre de la « Mission Braun » pour faciliter l’accès aux soins urgents et non programmés feront l’objet d’une évaluation dans ce sens.
Le rapport de l’Assurance Maladie évoque également le déploiement de la plateforme numérique nationale mise en place pour les régulateurs médicaux. Ce dispositif permet d’identifier les créneaux de rendez-vous immédiatement disponibles chez un médecin généraliste pour orienter les patients dont le médecin traitant n’est pas disponible dans les 48 heures.
Lancée en 2021, la plateforme poursuit son déploiement. Après une phase pilote menée par vingt-deux services d’accès aux soins (SAS) dans treize régions, le dispositif devrait s’étendre à l’ensemble du pays d’ici le second semestre 2023.