Déserts médicaux : quels sont les principaux enseignements de l’étude de l’UFC Que Choisir ?
L’UFC Que Choisir a basé son étude sur quatre catégories de médecins (généralistes, ophtalmologues, pédiatres et gynécologues). Deux données principales ont été analysées :
- L’éloignement géographique,
- Les tarifs pratiqués.
Qu’appelle-t-on un “désert médical” ?
La notion de désert médical désigne une faible densité de professionnels de santé sur un territoire. Il n’existe pas de seuil de référence officiel, mais des zones sous-denses ont été identifiées par les Agences régionales de santé (ARS) afin d’améliorer l’offre de soin.
Des structures de soins trop éloignées
D’après les chiffres relevés par l’association de consommateurs, l’offre de soins libérale est insuffisante pour 25,3 millions d’usagers en France :
- En matière de pédiatrie, près de 29 % des enfants vivent dans un désert médical ;
- En matière de gynécologie, le manque de médecins concerne près d’une femme sur quatre (24,8 %) ;
- Pour l’ophtalmologie, ce sont 19 % des Français qui sont très éloignés d’un praticien.
La médecine générale est moins touchée par le phénomène de désert médical (2,6 % de la population), mais plus de 23 % des Français disent rencontrer des difficultés pour accéder à un médecin généraliste à moins de 30 mn de transport.
Des freins financiers
L’enquête d’UFC Que Choisir aborde également la question des tarifs pratiqués et des dépassements d’honoraires.
L’association de consommateurs souligne que près de 47 % des pédiatres, 64 % des ophtalmologues et près de 67 % des gynécologues pratiquent des dépassements d’honoraires.
En combinant l’éloignement géographique et les freins financiers, l’UFC Que Choisir conclut que 83 % de la population rencontre des obstacles d’accès aux soins pour au moins une des spécialités étudiées dans le cadre de son enquête.
La carte interactive des déserts médicaux
L’association propose aux citoyens de « tester » l’accès aux soins autour de leur lieu d’habitation à travers la mise à disposition gratuite d’une carte interactive.
Accès aux soins : le constat préoccupant de l’AMRF en milieu rural
Faisant suite à deux autres études consacrées aux difficultés de l’accès aux soins dans les zones rurales, l’AMFR poursuit son travail en ciblant cette fois-ci, les hospitalisations de court séjour en médecine, chirurgie et obstétrique. Les élus ruraux révèlent ainsi des écarts très marqués dans la prise en charge des patients, entre le milieu rural et les zones urbaines.
Chiffres à l’appui*, l’étude démontre qu’à sexe et âge égal, la ruralité est « un facteur déterminant des inégalités d’accès aux soins hospitaliers ». L’AMRF évoque « une France à deux vitesses » et « une gradation de la prise en charge » selon les secteurs : les personnes domiciliées en milieu rural très peu dense reçoivent 16 % de soins hospitaliers en moins par rapport à la moyenne nationale.
Le rapport de l’AMRF note que la distance est déterminante dans le recours aux soins hospitaliers, plus particulièrement en ce qui concerne l’éloignement des centres hospitaliers régionaux. Un phénomène renforcé par la rareté des médecins traitants dans les bassins de vie ruraux.
Les territoires ruraux sont en effet lésés par l’éloignement des plateaux techniques hospitaliers au profit des métropoles. Que ce soit en matière de chirurgie ou de médecine interventionnelle (neurologie, intervention sous imagerie, cardiologie…), l’étude pointe l’importance de la présence de grands axes de circulation qui changent la donne pour les ruraux, en facilitant l’accès aux centres hospitaliers et aux cliniques privées situées dans les zones urbanisées.
*L’étude se base sur les chiffres 2021 du PMSI (Programme de Médicalisation des Systèmes d'Information) qui recueille les données de l'ensemble des hospitalisations du territoire français. 6 300 secteurs géographiques de France métropolitaine et d’outre-mer comptant moins de 5 000 habitants ont été analysés dans le cadre de cette étude.
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Le plan national d’actions du gouvernement
Un plan national d’actions « Pour des solutions concrètes d’accès aux soins dans les territoires » a été lancé en juillet 2023. Il s’articule autour de 4 objectifs majeurs à l’horizon 2027 :
- La création de 10 000 postes d’assistants médicaux,
- Le déploiement de 100 Médicobus pour amener les soins jusqu’aux patients dans les territoires ruraux,
- La création de 4 000 Maisons de Santé Pluriprofessionnelles (MSP),
- La généralisation des Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS) pour couvrir 100 % de la population.
Amélioration de l’offre de soins : quelles solutions ?
En lien avec son diagnostic, l’UFC Que Choisir propose quatre solutions pour améliorer l’offre de soins :
- Instaurer un « conventionnement territorial des médecins » qui permettrait de garantir une meilleure répartition en bloquant les installations dans les zones surdotées (à l’exception du secteur 1) en fonction des besoins ;
- Fermer l’accès au secteur 2 (honoraires libres), pour ne laisser le choix aux nouveaux praticiens qu’entre le secteur 1 (avec une revalorisation des honoraires si nécessaires) et l’Optam, qui encadre les dépassements d’honoraires ;
- Supprimer les aides publiques aux médecins qui ne respectent pas le tarif de la Sécurité Sociale (hors Optam) ;
- Mettre en place un système de « désignation effective » d’un médecin traitant pour toute demande d’usager.
De son côté, l’AMRF accompagne ses constatations de plusieurs recommandations pour améliorer l’offre de soins auprès des territoires ruraux. Elles se déclinent en quatre axes majeurs :
- Rendre obligatoire la diversification des lieux de stage en permettant aux étudiants en santé d’effectuer des stages hors du lieu de formation, via des aides au logement et au transport ;
- Développer la mise en place d’équipes de soins coordonnées autour du patient (ESCAP), une nouvelle forme de coordination basée sur les besoins des patients ;
- Faciliter l’installation des pros de santé à travers la création d’un guichet départemental unique d’accompagnement ;
- Favoriser l’exercice mixte entre médecine de ville et médecine hospitalière, pour l’ensemble des pros de santé.
La SNCF veut proposer la télémédecine dans les gares
La filiale de la SNCF qui gère les 3 000 gares de France a annoncé, le 17 novembre 2023, la mise en place d’espaces de télémédecine dans 300 gares d’ici 2028 pour améliorer l’accès aux soins des personnes qui en sont le plus éloignées. Une initiative originale qui prévoit la présence sur place d’un infirmier diplômé d’État et des consultations réalisées à distance par un médecin exerçant en France.
Accès aux soins : Médecins Solidaires, une initiative soutenue par la MACSF
Dans le cadre de son soutien à l’opération « Médecins Solidaires », la MACSF a fait réaliser une enquête auprès de 1 600 médecins généralistes. Les résultats sont encourageants : une grande majorité d’entre eux (64 %) accepterait de travailler une semaine par an dans un désert médical.
Tel est le credo du collectif « Médecins solidaires », qui propose aux praticiens de dégager une semaine dans l’année pour exercer au sein d’un centre de santé situé sur un territoire où l’offre de soins est insuffisante. Le médecin prend en charge les soins et le collectif se charge de tout le reste : administratif, logement, logistique, déplacements…
En octobre 2023, 340 médecins avaient déjà rejoint le dispositif. Pourquoi pas vous ? Retrouvez tous les renseignements nécessaires et les contacts utiles sur le site de « Médecins solidaires ».
Déserts médicaux, télémédecine, IA… Vous vous demandez ce que nous réserve l’avenir en matière de santé ? Découvrez « Ça ira mieux demain », le podcast de la MACSF consacré à la santé du futur.