Déchets hospitaliers : de quoi parle-t-on ?
La gestion des déchets d’activités de soins (DAS) est une question centrale pour les établissements de santé. Les enjeux en matière de santé publique et d’environnement sont cruciaux pour ces établissements, responsables du traitement des déchets qu’ils produisent.
Ils doivent mettre en place une organisation efficace et sécurisée pour le tri, la collecte, la destruction ou le recyclage en fonction des différents types de déchets, DAS, DASRI, ou autres.
Cette question en constante évolution est au cœur des débats, en cette période où tous les secteurs d’activités sont appelés à réduire leur volume de déchets. Les déchets médicaux n’échappent pas à la règle.
Qu’entend-on précisément par DAS ?
Il existe, en fonction du service et de l’activité, différents types de DAS issus des établissements hospitaliers. Ils sont généralement classés en deux catégories : les déchets dangereux et les déchets non dangereux.
Les déchets dangereux : la définition d’un DASRI
Les DASRI sont issus des différents actes médicaux pratiqués (diagnostics, suivis, traitements…), ainsi que de la recherche et de l’enseignement en médecine humaine et vétérinaire. La liste des déchets DASRI inclut :
- les déchets piquants ou tranchants (seringues, scalpels…),
- les produits sanguins,
- les déchets anatomiques,
- les déchets chimiques (désinfectants, produits d’entretien…),
- les déchets radioactifs (médecine nucléaire…) qui nécessitent un traitement spécifique.
Les déchets hospitaliers en chiffres
En 2021, les DASRI représentent environ 15 à 20 % des déchets hospitaliers. Le traitement et l’élimination de ces déchets doivent se faire conformément au cadre réglementaire des DARSI défini par un ensemble de textes et de normes sujettes à de futures évolutions*.
En 2021, l’ADEME (Agence pour la Transition écologique) estime que le volume de DASRI produit par le secteur médical entre 9 et 13 000 tonnes par an.
Les déchets d’activités de soins non dangereux : DASND
Il s’agit des déchets ménagers et assimilés, comprenant les ordures ménagères et les déchets collectés séparément. Certains sont recyclables et font l’objet d’un tri : ceux qui se révèlent non valorisables sont incinérés.
Parmi ces déchets « courants », on retrouve :
- le bois,
- le carton,
- le papier,
- les plastiques,
- les bio-déchets (déchets verts, restes de repas…).
Tri et traitement des déchets de soin : quels coûts ?
Le tri, le transport et l’élimination des DAS ont un coût qu’il est intéressant de connaître pour chercher à l’orienter à la baisse.
Pour cela, il est possible de se référer aux données d’un document paru en février 2021, dans lequel, le CPIAS (Centre d'appui pour la Prévention des Infections Associées aux Soins) et l’ARS d’Occitanie revenaient sur les coûts économiques, sociétaux et environnementaux des déchets hospitaliers.
Les coûts économiques des déchets varient selon leur quantité, leur conditionnement et la localisation des établissements concernés. Ils se situent :
- Pour les DASRI : entre 450 et 1 000 € HT/tonne ;
- Pour les DASND : entre moins de 100 € à 200 € HT/tonne.
Au-delà de l’aspect financier, réduire les coûts sociétal et environnemental de leurs déchets constitue également pour les hôpitaux un enjeu majeur.
Leurs actions en ce sens doivent s’inscrire dans le cadre fixé par un corpus formé de nombreux textes législatifs dont les Codes de la consommation, des communes, des collectivités territoriales, du travail, de la sécurité sociale, de l’environnement ou encore de la commande publique…
Quels axes pour une meilleure gestion des déchets ?
Pour définir et mettre en place une meilleure gestion de leurs déchets, les hôpitaux peuvent s’appuyer sur des comités internes, des experts et sociétés extérieures.
Quelle que soit leur approche, elle devra s’inspirer des grandes lignes définies par le Plan national de gestion des déchets et viser notamment à :
- Intégrer la prévention des déchets dès la conception des produits et services ;
- Développer le réemploi et la réutilisation ;
- Lutter contre le gaspillage ;
- S’engager dans une démarche de prévention des déchets.
A l’hôpital, une meilleure gestion des déchets passe par l’optimisation du tri et la réduction des coûts économiques et environnementaux des DAS, un point inclus dans le pilier 2 du Ségur de la Santé et plus précisément dans le volet intitulé « Accélérer la transition écologique à l’hôpital et dans les établissements médicaux sociaux ».
Traitement des DAS à l’hôpital : quelques bonnes pratiques
Localement de nombreuses initiatives ont émergé dans les établissements de soins publics et privés. Ces démarches visant à limiter le coût et l’empreinte carbone des déchets, consistent à :
- Réduire les DASRI ;
- Améliorer le tri dans les services ;
- Favoriser la réutilisation des déchets recyclables ;
- Réduire les emballages et déchets de bouteilles d’eau ;
- Limiter le gaspillage alimentaire ;
- Composter les déchets organiques.
Les protocoles d’élimination des déchets des hôpitaux doivent s’inscrire dans une démarche globale leur permettant d’atteindre leurs objectifs qui englobe également des efforts de limitation de leur empreinte carbone, de réduction de leurs dépenses énergétiques et de mise en œuvre d’un plan de gestion responsable de l’eau.
Les efforts de recyclage du CHRU de Besançon
Le Centre hospitalier régional universitaire de Besançon enregistre en moyenne 660 000 consultations par an. Il produit à l’année 1 200 tonnes d’ordures ménagères et près de 18 tonnes de déchets dangereux.
Les efforts ont porté sur le recyclage avec, chaque année, 50 tonnes de bio-déchets valorisées et 200 tonnes de papier et carton collectées puis traitées.
A Toulouse, un traitement innovant des déchets infectieux
Spécialisé dans le traitement des déchets infectieux, le groupe toulousain Tesalys a mis au point, il y a quelques années, une machine innovante. Nécessitant seulement une prise électrique et une sortie d’eau, l’appareil permet de traiter sur place les déchets infectieux en les désinfectant et en les réduisant en confettis. Ce qui évite la très coûteuse étape du transport des matières considérées comme dangereuses.
La mise en place de la collecte pneumatique des déchets
Pour la gestion de leurs déchets, le CH de Lens, le Nouveau Lariboisière (AP-HP), le nouvel hôpital de Nantes et le site Pontchaillou du CHU de Rennes ont misé sur une solution innovante avec la mise en place, au moment de leur construction, d’un système de collecte pneumatique des déchets.
Mis au point et déployé par la société suédoise Envac, ce système présente l’avantage d’une collecte automatisée grâce à des capteurs mesurant la quantité de déchets acheminés via un réseau de canalisation. Il permet de collecter tout type de déchets :
- DASRI ;
- Daom (Déchets assimilés ordures ménagères).
Le système se compose d’une centrale avec un extracteur assurant l'aspiration et pouvant être installée jusqu’à 1 900 mètres du point de collecte. Les déchets aspirés sont stockés dans un container de 30 m3. Ce type de centrale fonctionne 24h/24, avec une seule personne pour superviser son exploitation et assurer sa maintenance.
Les avantages de ce nouveau système sont nombreux :
- Espace de stockage réduit ;
- Moins de manutention pour les personnels, plus de recours aux chariots de transport, containers, ni aux ascenseurs ;
- Plus de sécurité : linge et déchets sont moins manipulés que dans les systèmes traditionnels et évacués par des réseaux de canalisation séparés.
Ce système déployé en Suède depuis 1961 pour les ordures ménagères, existe actuellement dans 133 hôpitaux dont 6 en France.
Les pistes sont nombreuses pour essayer collectivement de réduire les coûts des déchets dans les établissements publics. Une démarche qui est appelée à prendre de l’ampleur avec la structuration de nouvelles filières de recyclage.