Des « green teams » à l’assaut des déchets
Partant du constat qu’une intervention, même basique, au bloc opératoire génère autant de déchets qu’une famille de quatre personnes en une semaine, les équipes de l’hôpital Armand-Trousseau à Paris ont souhaité se mobiliser en faveur de pratiques plus durables pour amorcer la transition écologique au sein même de leurs services.
Chirurgiens, médecins anesthésistes, infirmiers anesthésistes, infirmiers de bloc opératoire et aides-soignants : le projet « green blocs » a mobilisé tous les personnels concernés en les réunissant sous la forme de « green teams ».
Une meilleure gestion des déchets hospitaliers
Les « green teams » ont mené une réflexion sur la gestion des déchets qui a conduit à la mise en place de plusieurs filières de recyclage des déchets au sein des blocs opératoires de leur établissement.
Le recyclage des déchets métalliques
L’établissement Armand-Trousseau s’est appuyé sur l’association Les P’tits Doudous qui collecte et valorise les métaux (cuivre, inox et aluminium) issus des blocs opératoires.
L’hôpital a ainsi mis en place un système durable de recyclage des différents types de déchets métalliques.
Désormais, les cupules en inox, les fils de cuivre de bistouri et les pinces opératoires à usage unique sont récupérés par Les P’tits Doudous en vue de leur recyclage.
Les fonds dégagés grâce à la vente des métaux récupérés servent à améliorer l’accueil et soulager l’anxiété pré-opératoire chez les petits patients de l’hôpital, en recourant notamment au jeu et au numérique.
Valoriser les déchets en tissu, papier-carton et plastique
Ces trois types de déchets sont désormais intégrés à des filières de gestion spécifiques qui permettent un meilleur recyclage, voire une réutilisation. Ainsi, les vêtements de bloc opératoire des patients et des soignants ne sont-ils plus jetés, mais récupérés.
En fournissant des gourdes nominatives à tous les soignants, toutes les bouteilles de plastique ont été supprimées des blocs. Les déchets plastiques font, par ailleurs, tous l’objet d’un tri. Certains sont déjà donnés à l’association des Bouchons de l’espoir, qui les réutilisent pour réaliser des prothèses pour enfants handicapés.
Tous les gestes comptent ! Les efforts pour éteindre tous les soirs ordinateurs, ventilateurs et respirateurs non utilisés permettent de réaliser des économies importantes. Dans un autre ordre d’idée, mais toujours dans une perspective anti-gaspillage, les blocs recourent, à présent, à des draps et alèses à usages multiples.
Les plateaux badigeon qui contenaient un plateau, une cupule et une pince en plastique dans un double emballage ont été remplacés par une cupule et une pince en inox et une compresse, stérilisés après chaque utilisation.
Réduire les coûts d’élimination des Dasri
Une réflexion a été conduite autour des Dasri (Déchets d’activités de soins à risques infectieux) dont l’incinération est excessivement onéreuse. Pour limiter ces coûts, l’hôpital s’est attaché à réduire le volume de ces déchets spécifiques.
A commencer par les sacs de collecte des Dasri au bloc : constatant que ces derniers contenaient pour les deux-tiers des déchets ne relevant pas de cette catégorie, l’hôpital a supprimé les sacs. En collectant les Dasri dans d’autres types de contenants, les mélanges sont évités et le tri est plus efficace.
Ces actions redonnent de l’attractivité et du sens aux professions de santé.
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Un mouvement d’ensemble
Le mouvement vertueux dans lequel s’inscrit la démarche durable adoptée par l’hôpital Armand-Trousseau permet d’initier des projets dans d’autres domaines. Les équipes soignantes sont aussi parvenues à réduire de manière significative la consommation de gaz anesthésique, en supprimant le recours au desflurane et en pratiquant la ventilation en bas débit de gaz frais.
Classé comme un gaz à effet de serre, le desflurane est le plus polluant des gaz anesthésiants. Son utilisation contribue au réchauffement climatique et à la destruction de la couche d’ozone. Limiter son utilisation constitue donc une avancée importante.
En plus de leur impact bénéfique pour la planète, les initiatives mises en place dans les blocs de l’hôpital Armand-Trousseau ajoutent de la valeur aux missions des personnels.
Bien que représentant un surcroît de travail, ces actions « redonnent de l’attractivité et du sens aux professions de santé », témoigne le Dr Sonia Delaporte-Cerceau, anesthésiste-réanimatrice à la tête de la commission de développement durable de la Commission médicale d’établissement.
La diffusion de ces bonnes pratiques auprès des présidents des blocs de l’AP-HP dans un premier temps, puis auprès d’établissements d’autres régions de France devrait inciter davantage d’équipes à verdir leurs pratiques.