Les chiffres clés
Tous statuts confondus
- 4 372 sociétaires radiologues
- 77 déclarations de sinistres corporels
- Taux de sinistralité : 1,76 % contre 1,44 % en 2022
Focus libéraux
- 1 874 sociétaires radiologues libéraux
- 60 déclarations de sinistres
- Taux de sinistralité : 3,20 % contre 2,60 % en 2022
Répartition des déclarations
Ces déclarations se répartissent en 2 procédures administratives, 17 procédures civiles, 5 procédures ordinales, 26 réclamations amiables et 27 saisines d'une CCI.
Analyse de l'expert
Dr Dominique Henrion, Radiologue consultant MACSF
Les réclamations en imagerie médicale en 2023 restent globalement stables.
Classiquement, les non visualisations d’anomalies radiologiques sur les radiographies, scanners ou mammographies sont des erreurs d’interprétation conduisant à un retard diagnostique, avec des conséquences plus ou moins préjudiciables pour les patients.
Essayer d’être toujours systématique lors de l’interprétation d’une imagerie en analysant toutes les structures et organes visibles, même s’ils ne font pas partie de l’indication principale de l’examen, est de bonne pratique.
La tendance cette année est la plus grande mise en cause suite à des examens d’échographie.
L’échographie est certes un examen opérateur dépendant mais il nécessite la rigueur dans son exécution comme dans le compte rendu et les images fournies. Le compte rendu doit préciser l’ensemble des structures étudiées, celles visibles et analysables, celles mal visualisées ou non vues pendant l’examen. Il est recommandé de fournir des images échographiques de chaque organe apparaissant dans le compte rendu.
Par exemple, dans le cadre d’une échographie abdomino-pelvienne, une à trois images de chaque organe doivent être jointes au compte rendu. Si le pancréas n’est pas visible, ou si la vessie est vide, ces éléments doivent être précisés.
Lors d’une expertise médicale portant sur une échographie, les deux seuls éléments dont dispose le médecin expert est le compte rendu et les images fournies.
Si une masse est découverte sur un scanner quelques semaines après une échographie considérée comme normale, le médecin expert va dans un premier temps analyser le compte rendu puis les images réalisées par le radiologue. Un organe décrit comme normal, accompagné de deux ou trois coupes échographiques de bonne qualité dans plusieurs axes, permettra à l’expert de considérer que l’organe en question ne présentait a priori pas d’anomalie visible, alors qu’une seule coupe, mal réalisée, ou pire aucune image de cet organe, n’appuiera pas les écrits du radiologue.
Il faut retenir que :
- dans chaque compte rendu d’échographie, tous les organes cités doivent être accompagnés d’une ou plusieurs images correspondantes, de bonne qualité ;
- toute structure non ou mal visualisée par le radiologue doit également être mentionnée dans le compte rendu.
Erreur d'interprétation - complications
Radiographie standard
Radiographie osseuse
- Défaut de diagnostic d'une récidive de luxation, lors d'un contrôle radiographique postopératoire d’une fracture du tiers proximal de l'humérus avec luxation postérieure de la tête humérale.
- Décès d’une patiente de 85 ans dans les suites d’une chirurgie prothétique de hanche après chute. Mise en cause de notre sociétaire ayant réalisé le bilan radiographique initial parmi les autres acteurs.
- Défaut de prise en charge et mauvais résultat allégué d'une fracture luxation du coude dans les suites d'un traumatisme. Mise en cause de tous les acteurs de la prise en charge.
- Défaut de diagnostic d'une fracture du col fémoral chez un homme de 74 ans avec consolidation en position vicieuse.
- Défaut de diagnostic allégué d'une fracture de genou dans les suites d'un traumatisme, découverte sur un scanner un mois plus tard. Douleurs lors des séances de kinésithérapie. Traitement orthopédique.
- Retard diagnostique de 11 mois d'une fracture du Lisfranc après traumatisme par mouvement de torsion du médio-pied. Évolution vers une algodystrophie.
Radiographie pulmonaire
- Décès d'une jeune patiente de 13 ans prise en charge pour dyspnée d’effort. Découverte d’une HTA pulmonaire et d’une myocardiopathie. Mise en cause systématique de notre sociétaire ayant réalisé la radiographie thoracique initiale.
- Défaut de diagnostic d'une fracture costale avec hémothorax lors de la réalisation d'une radiographie thoracique dans les suites d'une chute sur sol verglacé. Hospitalisation le lendemain pour drainage et geste chirurgical d'hémostase. Évolution favorable.
Autres
- Oubli de compresse dans les suites d'une cystoprostatectomie pour carcinome urothélial malgré la réalisation de plusieurs ASP (abdomen sans préparation) dans les suites postopératoires. Reprise chirurgicale tardive pour péritonite - fistule sigmoïde en lien avec le corps étranger. Mise en cause de tous les acteurs de la prise en charge.
Échographie
- Défaut de diagnostic d'anomalies rénales sur 2 échographies abdominopelviennes pour bilan de lithiases urinaires avec perte de chance alléguée d'éviter l'altération de la fonction rénale.
- Défaillance multiviscérale et décès dans les suites d'une néphrectomie partielle d’un rein pour tumeur, intervention compliquée d’une plaie de l’intestin grêle. Mise en cause de tous les acteurs de la prise en charge de notre sociétaire ayant réalisé une échographie postopératoire.
- Erreur d'interprétation d'une échographie de hanche du nourrisson à l'origine d'un retard au diagnostic d'une dysplasie de hanche.
- Défaut de diagnostic d'une appendicite aigue après échographie, chez une femme de 30 ans, ayant conduit à une fausse couche spontanée d'une grossesse obtenue par FIV avec transfert d'embryon 3 semaines auparavant.
- Non diagnostic allégué au cours d'une échographie abdominale demandée pour pesanteur épigastrique d’une lésion expansive isthmo-corporéale du pancréas, mise en évidence lors d'un scanner 9 mois plus tard.
- Retard diagnostique d'un adénocarcinome du pancréas après échographie abdominale demandée pour bilan hépatique et hyper lipasémie chez un patient âgé de 57 ans. Décès rapide du patient malgré sa prise en charge en centre spécialisé.
- Retard diagnostique de 5 mois d'une tumeur à cellules géantes du poignet dans les suites d'une échographie.
- Non communication des résultats de l'échographie réalisée diagnostiquant des images hépatiques d'aspect tumoral. Retard de prise en charge allégué et perte de chance de pouvoir supporter une immunothérapie chez un patient décédé à l'âge de 84 ans.
- Retard diagnostique d'un textilome intra abdominal au bloc opératoire - compresse au décours d'une hystérectomie - non détecté initialement lors d'une échographie. Corps étranger retrouvé par tomodensitométrie à distance de l'échographie.
- Mastite puis abcès du sein dans les suites d'un allaitement chez une femme de 40 ans. Exploration et suivi par contrôle échographique. Évolution lentement favorable. Mise en cause de tous les acteurs de la prise en charge.
- Erreur d'interprétation d'une échographie abdominale prescrite pour des métrorragies et réputée normale. Découverte deux mois plus tard d'une lésion du col utérin au-delà de toute ressource thérapeutique. Décès.
- Défaut de diagnostic avéré d'un carcinome mammaire. Prise en charge retardée avec mammectomie notamment (2 sociétaires).
Mammographie
- Retard diagnostique de rupture de prothèses mammaires bilatérales chez une femme de 37 ans. Changement des prothèses. Évolution favorable.
- Erreur d’interprétation et retard diagnostique d'un cancer du sein de 3 mois avérés dans les suites d'une mammographie et d'une échographie.
- Retard diagnostique allégué de 5 mois d'un cancer du sein - mammographie et échographie - chez une patiente de 40 ans en cours de PMA. Tumeur bifocale, chimio radiothérapie et mammectomie.
Scanner
- Défaut de diagnostic d'un carcinome chromophobe du rein droit non repéré lors d'un scanner du rachis pour bilan de lombalgies. Retard de prise en charge de plus d'un an avec néphrectomie totale droite.
- Défaut de diagnostic d'une tumeur du lobe pulmonaire supérieur gauche lors d'un scanner thoracique réalisé dans le cadre d'un bilan, occasionnant un retard de prise en charge de 26 mois.
- Défaut de diagnostic d'une tumeur rénale type Bosniak 3 dans le cadre d'un scanner abdominopelvien réalisé pour bilan d'hématurie chez un homme de 32 ans. Retard de prise en charge de 18 mois avec néphrectomie partielle.
- Défaut de diagnostic d'une masse pelvienne lors de la réalisation d'un uroscanner pour douleurs lombaires - description des voies excrétrices sans anomalie. Décès de la patiente 2 semaines plus tard.
- Défaut de diagnostic d'une arthrite septique de l'épaule dans les suites d'un arthroscanner. Retard de prise en charge de 4 jours.
- Retard diagnostique d'un lymphome T chez un patient de 23 ans dans un contexte post Covid - consultation pour dyspnée et toux. Scanner thoracique interprété par téléimagerie avec demande de recherche d'embolie pulmonaire. Prise en charge médicochirurgicale 5 semaines plus tard pour volumineux épanchement pleural.
- Absence de mise en évidence d'un corps étranger (fragment d'un sac d'extraction coelioscopique) à la face antérieure du foie sur un scanner thoracique réalisé pour des douleurs apparues dans les suites d'une annexectomie gauche réalisée deux ans auparavant. Retard de prise en charge allégué, extraction trois ans plus tard.
- Empyème extra et sous-dural dans les suites d’une chirurgie d'exérèse d'un méningiome. Mise en cause de tous les acteurs de la prise en charge (notre sociétaire ayant réalisé la tomodensitométrie postopératoire).
- Retard diagnostique d'un cancer de la prostate dans les suites d'un examen tomodensitométrique abdominopelvien pour bilan de douleurs abdominales.
- Impotence fonctionnelle du bras droit après la réalisation d'un scanner thoraco-abdomino-pelvien avec injection dans le cadre d'un bilan d'une masse pulmonaire du lobe supérieur gauche retrouvée sur une radiographie pulmonaire.
- Défaut de diagnostic d'une malformation artério-veineuse sur un scanner cérébral chez un patient. Retard de prise en charge radio chirurgicale et symptomatologie visuelle associée.
- Retard diagnostique allégué de 5 ans d'un carcinome épidermoïde de jambe chez un patient de 20 ans, amputation transtibiale. Tomodensitométrie de jambe réalisée 5 ans auparavant trouvant une masse hypervascularisée pour laquelle un avis orthopédique avait été demandé et obtenu. Surveillance préconisée. Mise en cause de tous les acteurs de la prise en charge.
- Persistances de douleurs abdominales dans le contexte de coliques néphrétiques. Tomodensitométrie demandée retrouvant une lithiase pyélique et une lithiase urétérale pelvienne. Prise en charge chirurgicale difficile. Mise en cause de tous les acteurs de la prise en charge.
- Erreur d'interprétation d'une tomodensitométrie à l'origine du retard diagnostique de 1 mois et demi d'une tumeur cérébrale. Origine non précisée, multi métastatique au moment de son diagnostic, décès.
- Erreur d'interprétation à l'origine d'un retard diagnostique d'un cancer du poumon, patient pris en charge pour une détresse respiratoire. Réalisation d'un angioscanner pour recherche d'une embolie pulmonaire ou d'une infection à Covid. Découverte deux mois plus tard de lésions vertébrales secondaires lytiques cervico-thoraciques.
IRM
- Cécité complète dans un contexte de retard diagnostique d'une sténose serrée de la carotide non vue lors de la lecture d’une IRM cérébrale en télémédecine chez un patient monophtalme ayant présenté 2 épisodes d'AIT.
- Défaut de diagnostic d'une récidive de méningiome lors de la réalisation d'une IRM pour suivi postopératoire de l'exérèse de la lésion.
- Défaut de diagnostic d'une tumeur cérébrale lors d'une IRM. La patiente se fera opérer 5 ans après d'une volumineuse tumeur cérébrale évoquant un schwannome avec effets de masse et lourdes séquelles neurologiques.
- Défaut de diagnostic entraînant un retard de prise en charge de 8 mois d'un adénocarcinome colique dans le contexte de la réalisation d'une entéro-IRM et d'une colo-iléoscopie réputées normales. Évolution oncologique favorable. Mise en cause de tous les acteurs de la prise en charge.
- Défaut de diagnostic allégué d'un accident vasculaire cérébral sur IRM pour bilan de céphalées. Mise en cause de tous les acteurs de la prise en charge.
- Prise en charge aux urgences d'un accès hypertensif avec une évolution vers un accident vasculaire cérébral. IRM demandée dans ce contexte et interprétée en télémédecine. Séquelles neurologiques. Mise en cause de tous les acteurs de la prise en charge.
Complications
Infiltration / injection
- Majoration des douleurs chroniques invalidantes avec faiblesse du membre inférieur gauche suite à une infiltration épidurale dans le cadre d'une discopathie et d'une hernie discale foraminale postérolatérale L3-L4.
- Complications infectieuses et décès d'une patiente de 68 ans dans les suites d'une infiltration d'un pied pour traitement d'un névrome de Morton (2 sociétaires).
- Absence d'amélioration clinique dans les suites d'une prise en charge médicale (infiltrations et kinésithérapie) puis chirurgicale d'une hernie discale L5-S1 hyperalgique.
- Infection associée aux soins post-infiltration de hanche pour coxarthrose chez un patient. Arthrite septique prise en charge en secteur hospitalier. Évolution vers une ostéonécrose.
Biopsie
- Hémorragie hépatique dans les suites d'une ponction-biopsie hépatique réalisée par radiologue interventionnel. Prise en charge de l'hémorragie rapide et traitée par embolisation. Évolution favorable.
- Pneumothorax dans les suites d'une biopsie mammaire chez une femme de 29 ans. Suivi scanographique réalisé. Évolution favorable.
Dommage corporel
- Oubli de corps étranger (canule) lors de la réalisation d'une hystérosalpingographie à l’origine d’une infection nécessitant une antibiothérapie.
Divers
- Douleurs testiculaires chroniques invalidantes dans les suites d'une embolisation de la veine spermatique pour traitement d’une varicocèle.
- Accident vasculaire cérébral ischémique rétinien chez une patiente de 41 ans polypathologique dans les suites d'une reperméabilisation d'une fistule artério veineuse du membre supérieur du même côté.
- Ischémie aiguë du membre inférieur gauche chez une patiente de 95 ans, aux antécédents vasculaires et récemment opérée. Tentative de sauvetage du membre par procédure endovasculaire, efficace pendant 24 heures, puis thrombose et amputation. Décès quelques jours après.
- Erreur d'interprétation alléguée au décours d'un doppler veineux des membres inférieurs : varice thrombosée non retrouvée 1 mois plus tard après traitement anticoagulant.
Médecine nucléaire
- Annonce jugée inadaptée par la patiente après interprétation d'un examen à la recherche de métastases osseuses - atteinte multi métastatique retrouvée - dans la cadre d'un bilan d'un carcinome mammaire opéré 5 ans auparavant.
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