Nous aborderons dans cet article des questions essentielles, à ne pas se poser trop tard :
- Comment assurer la protection juridique et financière d’un proche ?
- Quels sont les outils à votre disposition ?
- Comment préserver le patrimoine de votre proche vulnérable lorsque vous ne serez plus en mesure de vous occuper de lui ?
Protéger les droits d'une personne vulnérable
Demander une mesure de protection juridique peut s’avérer nécessaire dans le cas où son proche court un risque comme :
- la mise en danger de lui-même ou des autres,
- une mauvaise gestion de son patrimoine qui peut lui être préjudiciable,
- un abus de faiblesse.
Dans le cas très concret d'une assurance vie
Les mesures de protection judiciaire, comme la tutelle ou la curatelle, influencent la gestion du contrat (arbitrage, déblocage des fonds...) en cas d'incapacité ou de vulnérabilité du souscripteur.
Par exemple, si une personne détentrice d'une assurance vie devient incapable de gérer ses biens en raison d'une maladie ou d'un handicap mental, un tuteur ou un curateur peut être désigné pour prendre en charge la gestion de son contrat d'assurance. Cela inclut la possibilité de modifier les bénéficiaires, de racheter le contrat ou de percevoir les fonds au moment du dénouement du contrat.
Ainsi, les mesures de protection judiciaire garantissent que les intérêts du souscripteur sont protégés et que ses volontés initiales sont respectées, tout en assurant une gestion sécurisée de son patrimoine, y compris l'épargne sur son assurance vie.
Quelles sont les différentes mesures de protection ?
Avec une mesure de protection, le représentant de la personne peut ainsi intervenir ou agir avec et pour la personne, notamment en cas de difficultés : administratives, médicales, familiales...
Le mandat de protection future : une solution conventionnelle pour anticiper sa protection
Le mandat de protection future permet à toute personne majeure (appelée mandant) de désigner à l'avance une ou plusieurs personnes (appelées mandataire) pour la représenter le jour où elle ne sera plus en capacité de gérer ses intérêts.
Le mandat peut prendre la forme :
- d'un acte sous signature privé : acte rédigé et signé par des particuliers, sans la présence d'un notaire (par exemple, un contrat),
- ou d'un acte notarié.
Il est à signer par les 2 parties : le mandant et le mandataire.
Il s’agit d’une démarche par laquelle un majeur organise sa future protection pour le jour où il ne sera plus à même de veiller à ses propres intérêts, et désigne un ou plusieurs mandataire(s) pour être responsable(s) de la protection de sa personne et/ou de son patrimoine.
Ce mandat prend effet lorsque le mandant devient incapable de se charger de ses intérêts (situation constatée par certificat médical).
C’est la seule mesure de protection qui ne nécessite pas l’intervention du juge.
Le mandat prend fin dans les situations suivantes :
- Rétablissement de l'état de santé du mandant constaté à sa demande ou par le mandataire.
- Placement du mandant en curatelle ou en tutelle (sauf décision contraire du juge).
- Décès du mandant.
- Décès du mandataire, son placement en curatelle ou tutelle.
- Retrait des missions du mandataire prononcée par le juge des contentieux de la protection à la demande de tout intéressé
Les mesures de protection judiciaire des majeurs
La mesure de protection juridique est décidée par le juge et consiste en la désignation d'une tierce personne pour l'aider à protéger ses intérêts, prendre des décisions, voire à les autoriser et/ou les contrôler.
Il existe 4 mesures principales pouvant être mises en place :
- La sauvegarde de justice.
- La curatelle.
- La tutelle.
- L’habilitation familiale.
A. La sauvegarde de justice
Pour les personnes dont les facultés sont plus gravement atteintes, la sauvegarde de justice est une mesure immédiate en attendant la mise en place d'une tutelle ou d'une curatelle.
La personne conserve la capacité d'accomplir tous les actes mais certains actes importants (vente d'un bien immobilier, conclusion d'un prêt d'un montant élevé, par exemple) peuvent être spécialement confiés à un mandataire.
La mesure de sauvegarde de justice est déterminée en fonction du degré d'altération (c'est-à-dire de la dégradation) des facultés personnelles de la personne à protéger.
La personne sous sauvegarde de justice conserve le droit d'accomplir tous les actes de la vie civile, sauf ceux confiés au mandataire spécial s'il a été nommé.
La sauvegarde permet au mandataire spécial de contester (soit en les annulant, soit en les corrigeant) certains actes contraires aux intérêts du majeur, qu'il aurait passés pendant la sauvegarde de justice.
La sauvegarde de justice ne peut pas dépasser 1 an. Elle est renouvelable une fois par le juge des contentieux de la protection.
La sauvegarde de justice cesse dans les cas suivants :
- À la fin du délai pour laquelle elle a été prononcée.
- À la levée de la mesure par le juge des contentieux de la protection, après l’accomplissement des actes pour lesquels elle a été ordonnée.
- À la levée de la mesure par le juge des contentieux de la protection, lorsque le majeur reprend possession de ses facultés.
- Par l'ouverture d'une mesure de curatelle ou de tutelle.
B. La curatelle
La personne peut effectuer les actes de la vie courante (elle continue à gérer ses biens), mais elle doit être assistée dès lors qu'elle veut les vendre ou en acheter d'autres. Elle peut par exemple conclure un bail, mais elle ne peut pas vendre seule son appartement.
La curatelle est mise en place uniquement si la sauvegarde de justice ne peut pas assurer une protection suffisante au majeur qui en a besoin.
La durée de la mesure est fixée par le juge pour une durée de 5 ans maximum, renouvelable pour 5 ans.
La mesure de curatelle prend fin dans les cas suivants :
- À tout moment si le juge décide qu'elle n'est plus nécessaire, à la demande du majeur ou de toute personne habilitée à demander une mise en curatelle, après avis médical.
- À l'expiration de la durée fixée, en l'absence de renouvellement.
- Si une mesure de tutelle remplace la curatelle.
- Jugement prononçant la fin de la mesure et ne pouvant plus être contesté
- Au décès de la personne à protéger.
C. La tutelle
La personne ne peut pas gérer seule son bien et son patrimoine du fait de la dégradation de ses facultés ou de son incapacité à exprimer sa volonté. Elle est assistée systématiquement par un tuteur et/ou par un juge pour tous les actes d’administration et de disposition.
Le juge des contentieux de la protection fixe la durée de la mesure. Elle est limitée à 5 ans ou 10 ans si l'altération des facultés personnelles de la personne sous tutelle ne pourra manifestement pas connaître une amélioration.
La fin de la tutelle peut avoir lieu :
- À tout moment sur décision du juge (que les demandes soient formulées par votre enfant ou les personnes autorisées à demander son placement sous tutelle avec un avis médical constatant que la personne protégée n’a plus besoin de mesure de protection).
- À l’expiration de la durée fixée (sous réserve du non renouvellement).
- Si une mesure de protection de remplacement est prononcée.
- En cas de décès.
D. L'habilitation familiale
L'habilitation familiale permet à un proche de représenter ou d'assister une personne pour assurer la sauvegarde de ses intérêts.
L'habilitation familiale est ordonnée par le juge uniquement en cas de nécessité, lorsque les représentations habituelles (procuration, mandat de protection future, régime matrimonial, par exemple) ne permettent pas suffisamment de protéger les intérêts de la personne.
L'habilitation familiale peut être générale ou limitée à certains actes. À la différence de la sauvegarde de justice, de la curatelle ou de la tutelle, une fois l'habilitation familiale délivrée, il n'y a plus, en général, de contrôle par le juge.
Les proches pouvant être habilités sont :
- Parent, grand-parent, arrière grand-parent.
- Enfant, petit-enfant, arrière petit-enfant.
- Frère, sœur.
- Époux(se) / Partenaire de Pacs / Concubin(e).
Un neveu, une nièce, un beau-frère, une belle-sœur, un gendre, une belle-fille ne peuvent pas être habilités. Si l'intérêt de la personne à protéger l'exige, le juge peut décider que l'habilitation soit générale. L'habilitation permet à celui qui représente la personne d'agir en son nom. Le représentant peut ainsi accomplir l'ensemble des actes et de disposition des biens. Il agit au nom de la personne protégée.
Le juge fixe la durée de l'habilitation. Toutefois, elle ne peut pas dépasser 10 ans. Il peut renouveler l'habilitation pour une même durée au vu d'un certificat médical circonstancié.
Lorsque l'amélioration de l'état de santé de la personne à protéger ne peut pas être envisagée, le juge a la possibilité de renouveler la mesure pour une durée plus longue n'excédant pas 20 ans. Dans ce cas, sa décision doit être motivée et prise en fonction de l'avis conforme d'un médecin inscrit.
Comment mettre en place une mesure de protection ?
Mesure de protection | Remise de la demande | Pièces à joindre à la requête |
Le mandat de | Le mandat prendra effet s’il est présenté | • le formulaire de requête • accompagné d’un certificat médical émanant d’un médecin inscrit sur la liste dressée par le procureur de la République, et attestant de l’altération soit des facultés mentales, soit des facultés corporelles de la personne à protéger, de nature à empêcher l’expression de sa volonté. |
Les mesures de | La requête doit être remise ou adressée | • le formulaire de requête • la copie intégrale de l’acte de naissance du majeur à protéger datant de moins de 3 mois • la copie d’un justificatif d’identité de la personne à protéger • la copie recto-verso d’un justificatif d’identité du demandeur • le certificat médical d’un médecin inscrit sur la liste établie par le procureur de la République. |