Les consultations préanesthésiques délocalisées
Certaines interventions chirurgicales nécessitent des techniques qui ne peuvent être mises en œuvre partout en France.
Il n’est donc pas rare aujourd’hui que l’intervention ait lieu dans un département, (voire une région) différent de celui où le patient réside.
La consultation préanesthésique doit être réalisée à distance de l’acte, pour permettre au patient de disposer d’un temps de réflexion suffisant et de faire réaliser les éventuels examens complémentaires prescrits.
Il lui est donc parfois difficile de se déplacer (quelquefois à plusieurs centaines de kilomètres de son domicile), une première fois pour la consultation préanesthésique, puis une seconde fois pour l’intervention elle-même.
Les textes n’interdisant pas expressément la réalisation de la consultation préanesthésique dans un établissement distinct (et donc par une équipe distincte) de celui où l’intervention sera réalisée, cette pratique peut être envisagée.
La SFAR pose un certain nombre de conditions
Annales françaises d'anesthésie-réanimation - Section "Formation-Information"
- Information et accord de l’équipe anesthésique qui prendra en charge le patient pendant l’intervention.
- Accord préalable de l’anesthésiste sollicité pour réaliser la consultation, ce dernier restant libre de refuser.
- Consentement éclairé du patient, en particulier sur le fait que c’est l’équipe en charge de l’intervention qui aura le « dernier mot » sur la technique anesthésique en cas d’élément nouveau ou de différence d’appréciation du risque anesthésique.
- Parfaite connaissance par l’anesthésiste qui réalise la consultation des conditions techniques envisagées pour l’intervention, ce qui suppose un dialogue entre les deux équipes.
- Transmission du dossier d’anesthésie dans les meilleurs délais à l’établissement où aura lieu l’intervention, avec signalement de tout risque particulier et discussion entre les deux équipes si nécessaire.
La SFAR souligne également quelques points essentiels
- En cas d’intervention très spécialisée, ou lorsque l’anesthésiste qui réalise la consultation ignore les conditions prévues pour l’intervention, la consultation préanesthésique délocalisée doit être exclue.
- Lorsque la consultation préanesthésique est délocalisée, un soin tout particulier doit être apporté à la visite préanesthésique, pratiquée le jour de l’intervention, car c’est généralement le premier contact entre le patient et l’équipe anesthésique.
- De façon générale, la consultation préanesthésique délocalisée doit rester une pratique exceptionnelle en dehors d’un réseau de soins formalisé.
Dès lors que l'anesthésiste a accepté de conduire la consultation préanesthésique, il engage pleinement sa responsabilité en cas de complication ultérieure survenant pendant l'intervention, due à une mauvaise évaluation de la stratégie anesthésique.
Les consultations préanesthésiques itératives ou rapprochées
Lorsque des actes répétitifs et rapprochés nécessitent une anesthésie, la SFAR considère qu’il est possible de ne pas réaliser une consultation préanesthésique systématique avant chaque intervention, là encore sous certaines conditions :
- Tous les membres de l’équipe anesthésique doivent être d’accord.
- Les interventions en question doivent être de "retentissement physiopathologique peu important", et la conduite anesthésique doit être la même pour toutes les interventions, le moindre changement impliquant une nouvelle consultation préanesthésique.
- Les interventions doivent être espacées les unes des autres de moins d’un mois, délai fixé arbitrairement mais qui doit être modulé selon l’importance de l’intervention et la stabilité de l’état du patient.
- Une trace écrite de la décision de ne faire qu’une seule consultation doit figurer dans le dossier du patient.
- Le patient doit être pleinement informé de la possibilité d’un report ou d’une annulation de l’intervention si un nouvel élément apparaît et modifie la stratégie initialement retenue.
Là encore, la visite préanesthésique est particulièrement importante, puisqu’elle permettra de vérifier l’absence de modification ou d’évolution de l’état du patient qui rendrait nécessaire une adaptation de la stratégie anesthésique.