À l'occasion du congrès national du Collège National des Cardiologues Français (CNCF) d’octobre 2022 à Strasbourg, et par un article dans les Annales de Cardiologie et d’angiologie*, nous avons rapporté plusieurs cas de mises en cause cardiologues.
Pourquoi des délais rallongés pour réaliser des explorations cardiologiques ?
Cela s'explique par une démographie cardiologique en souffrance, une multiplication des différentes explorations et une demande toujours plus forte pouvant provenir d'autres spécialistes.
Une étude récente du syndicat (SNC) rapportait un délai supérieur à un mois pour les différents tests d'ischémie.
Des retards de prescriptions et des délais d'attente préjudiciables
- Deux dossiers concernaient la prescription d'un scanner coronaire devant des douleurs atypiques se compliquant d'un arrêt cardiaque avant leur réalisation.
- Un autre cas rapportait la survenue d’un AVC suite à la découverte d’une ACFA sur l’interrogation de la mémoire d’un pace maker, avec absence de prescription immédiate d’un anticoagulant.
- Enfin, dans les deux derniers cas, les patients sont décédés du fait d’un délai d’attente d’un mois pour une revascularisation (angioplastie ou pontage) sur une atteinte tritronculaire.
Comment prévenir les plaintes ?
Certaines de ces plaintes sont évitables, au prix de quelques précautions élémentaires.
Accompagner le patient
- Il convient d'abord de porter une attention particulière aux patients les moins diligents et essayer d'organiser pour eux la prise de rendez-vous d'exploration, ou bien au minimum leur préciser le délai maximal pour obtenir ce rendez-vous.
- Il est important également d’organiser un canal de retour rapide des résultats d'explorations. Dans l'attente des examens, il faut rappeler les consignes de sécurité [arrêt du sport ou de travail (profession à risque)] et parfois instaurer un traitement dans l'attente.
- Concernant les revascularisations, il faut bien entendu négocier un raccourcissement de l'attente, surtout s'il existe des signes péjoratifs, puis renforcer le traitement médical dans l’attente.
- Dans toutes les situations, il faut demander d'être averti en cas de dégradation des symptômes pour éviter une errance des patients en extrahospitalier.
Être particulièrement attentif en cas de déprogrammation
Avec la période Covid, il y a eu de nombreux délais liés au confinement ou bien à la réduction des activités au bloc opératoire.
Au-delà de cette période particulière, de nombreuses circonstances sont susceptibles de provoquer un délai dans la prise en charge diagnostique ou thérapeutique :
- maladie ou congés non programmés des praticiens,
- hospitalisation reportée pour manque de personnel ou surcharge,
- pathologies intercurrentes des patients.
Il n’est bien entendu pas possible de maîtriser tous ces éléments.
Il convient cependant de mettre en garde l'équipe de soins et les patients du risque pris en cas de déprogrammation d'acte diagnostique ou thérapeutique.
Afin de pouvoir être averti, il convient d'avoir un secrétariat réactif et diligent pour que les tentatives d'appel ou de contact puissent être transmises sans délai au cardiologue.
Enfin, il est surtout indispensable d'assurer une traçabilité de toutes les précautions prises dans le dossier médical.
C’est à ce prix, que l'on peut réduire au maximum le risque d'accidents et de plaintes liés aux délais en cardiologie.