D’un simple traumatisme du genou à la découverte d’une tumeur maligne rare
Une patiente de 60 ans chute de vélo, entraînant un traumatisme direct du genou gauche.
Le bilan radiographique montre une fracture du plateau tibial externe.
Un chirurgien orthopédiste ordonne un traitement orthopédique.
Madame M décrit ensuite des douleurs croissantes du creux poplité du genou gauche.
De multiples examens sont pratiqués :
- Un écho doppler veineux élimine une phlébite.
- Une échographie montre une séquelle de lésion musculo tendineuse du muscle jumeau externe.
- Une IRM constate une lésion méniscale et chondrale du compartiment interne du genou.
- Une scintigraphie osseuse montre des images compatibles avec une algoneurodystrophie.
- Une nouvelle échographie met en évidence une petite "masse" au contact du nerf tibial, qualifiée successivement d’origine veineuse, puis nerveuse.
À plus de 2 ans de la fracture initiale, il est réalisé l’ablation de la "masse".
L’anatomopathologie conclut à un synovialosarcome.
Qu’est-ce qu'un synovialosarcome ?
Le synovialosarcome est une tumeur maligne rare et agressive des tissus mous.
Malgré son nom, il ne dérive pas du tissu synovial, mais d’une cellule mésenchymateuse pluripotente à différenciation synoviale.
Le synovialosarcome touche le plus souvent l’adulte jeune.
Il peut se développer dans n’importe quelle partie molle du corps. Mais il est le plus souvent localisé au membre inférieur, près d’une grosse articulation (80 % des cas).
C’est une lésion d’évolution lente, située généralement en profondeur, indolore.
Comme tout sarcome, il peut englober les muscles, la graisse, les vaisseaux, le système nerveux périphérique, le tissu fibreux...
Synovialosarcome : un diagnostic souvent tardif
Cliniquement, le synovialosarcome peut se présenter sous la forme d’une masse indolore qui augmente progressivement de volume sur plusieurs mois, jusqu’à l’apparition des premiers signes.
Du fait des caractéristiques cliniques de cette tumeur, le diagnostic est souvent établi à un stade tardif.
- Le traitement chirurgical est la règle, consistant à retirer la tumeur, parfois à amputer le membre.
- Une radiothérapie est généralement réalisée dans les suites de la chirurgie pour traiter les résidus tumoraux microscopiques.
Il existe un fort potentiel métastatique, essentiellement pulmonaire, mais également un risque de récidive.
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Synovialosarcome, quel pronostic ?
Le pronostic est comme toujours lié aux caractéristiques de la tumeur :
- taille,
- étendue de l’invasion locale,
- grade histologique (index mitotique, pourcentage de nécrose),
- faisabilité de l’exérèse chirurgicale,
- présence de métastases à distance.
Mais le facteur déterminant pour la survie à long terme est la possibilité d’une exérèse chirurgicale complète de la tumeur.
Seules les tumeurs de petite taille pouvant être totalement réséquées ont un bon pronostic.
Que retenir de cette affaire ?
Les douleurs du creux poplité de la patiente étaient donc en rapport avec un synovialsarcome, probablement devenu symptomatique lorsqu’il est entré au contact du nerf tibial.
Il s’agit là d’un cheminement classique jusqu’au diagnostic de synovialosarcome, porté en général tardivement.
La multiplication des examens complémentaires a finalement permis de faire le diagnostic, ici à un stade non métastasé et donc avec un pronostic favorable, au prix d’une lourde sanction chirurgicale.
Il faut donc savoir poursuivre les explorations complémentaires jusqu’à un diagnostic cohérent avec les données cliniques.