Des troubles respiratoires, quatre mois après la pose d’un implant contraceptif
En raison d’un oubli fréquent de prise de contraception orale, une jeune femme de 24 ans se voit poser un implant contraceptif sous-cutané, de type Nexplanon®, par un médecin généraliste, également gynécologue médical et formateur pour la pose de ce type d’implant.
Les conseils d’usage sont donnés.
Au bout d’une semaine, la patiente présente une gêne respiratoire, des douleurs thoraciques, des céphalées, des bouffées de chaleur, sur un terrain de fond anxieux… donnant lieu à de multiples consultations auprès du médecin généraliste et de services d’urgences.
Finalement, quatre mois après la pose de l’implant, la patiente demande son retrait. Mais à la palpation, le médecin généraliste ne le retrouve plus dans le bras. Un scanner thoracique révèle sa présence, bien loin du site de pose : dans une branche d’une artère pulmonaire !
Une ablation de l’implant par voie endovasculaire est tentée : c’est un échec, avec fragmentation de l’implant et migration de fragments dans les deux poumons.
Aucune nouvelle ablation n’est proposée par les chirurgiens vasculaires, l’évolution se faisant normalement vers l’intégration des corps étrangers dans la paroi des vaisseaux, sans conséquence.
Cliniquement, les différents bilans concluent à l’absence de retentissement fonctionnel objectif. Seul persiste un effet contraceptif au-delà de trois ans.
La migration d’un implant dans le système vasculaire pulmonaire : une complication exceptionnelle
Un implant contraceptif peut migrer. En général, il s’agit de mouvements mineurs par rapport à la position initiale. C’est de façon très exceptionnelle que des cas de migration dans le système vasculaire pulmonaire ont été rapportés.
Ils ont généralement nécessité des interventions chirurgicales ou endovasculaires pour retrait de l’implant. Le mécanisme le plus probable est une ponction d’un vaisseau lors de la pose.
Une telle complication n’est pas nécessairement considérée comme fautive. Elle peut survenir même entre des mains expertes et une technique parfaitement maîtrisée.
C’était d’ailleurs le cas en l’espèce, puisque le praticien était formateur pour la pose de ce type d’implant. Il s’agit donc d’un accident médical non fautif.
En revanche, il n’a jamais été décrit dans la littérature de cas de fragmentation de l’implant lors de tentatives de retrait endovasculaire.
Migration d’implant contraceptif : comment la prévenir ?
La symptomatologie thoracique présentée rapidement après la pose de l’implant était très probablement en rapport avec sa migration dans une branche de l’artère pulmonaire.
A retenir
Comme nous l’avons vu, cette complication exceptionnelle est survenue lors d’une pose techniquement parfaite, réalisée par des mains expertes. Il était donc difficile de la prévenir.
On peut néanmoins rappeler l’utilité d’une autopalpation régulière, ou d’une palpation par le médecin, pour vérifier que l’implant est toujours à sa place et n’a pas "voyagé" !
Le praticien qui réalise la pose sera donc bien inspiré de dispenser les conseils ad hoc à sa patiente et de l’alerter sur la réaction à avoir en cas de symptomatologie inhabituelle.
Crédit photo : BRUNO / IMAGE POINT FR / BSIP