Une poussée hypertensive
Vers 6 heures du matin, le mari d’une femme de 35 ans, sans antécédent particulier, appelle le centre SAMU-Centre 15. Son épouse présente une poussée hypertensive à 17, accompagnée de fièvre et de céphalées intenses au 9e jour de son 3e accouchement, pour lequel elle a bénéficié d’une rachianesthésie. L’appel est transmis au médecin régulateur libéral de garde.
Sans interroger la patiente, celui-ci conseille au mari la prise de Doliprane® et l’appel du médecin traitant dans la matinée pour contrôler la tension.
À 13 heures, le médecin traitant examine la patiente et prescrit un bilan biologique.
À 19 heures, à réception des résultats, il appelle le 15 pour prise en charge de la patiente, en évoquant un HELLP syndrome. Il est également retrouvé des douleurs lombaires, une altération de la fonction rénale et un syndrome inflammatoire. Le médecin traitant et le médecin du SAMU conviennent de l'envoi d’une ambulance.
La patiente est alors en prise en charge aux urgences. À l’arrivée, la tension artérielle est à 185/93 et il existe des signes d’irritation cérébrale. Un pic fébrile à 38°9 est noté. Le bilan biologique est similaire à celui réalisé en ville quelques heures plus tôt. L’IRM cérébrale montre une hémorragie sous- arachnoïdienne diffuse des vallées sylviennes et des sillons corticaux fronto-pariétaux bilatéraux, sans image anévrysmale ni thrombotique.
La patiente est admise dans le service de réanimation le soir même. Le diagnostic posé est celui de prééclampsie du post-partum compliquée d’hémorragie méningée sur poussée hypertensive avec une insuffisance rénale.
L’évolution est finalement favorable. La patiente regagne son domicile cinq jours après un scanner de contrôle et une angiographie carotidienne, réalisée à la demande des neurochirurgiens, qui s’avèrera normale. Elle ne présente pas de séquelles.
La responsabilité du régulateur retenue pour sous-estimation de la gravité de la situation
Dans notre cas et sans surprise, la responsabilité du médecin régulateur libéral a été reconnue. Au décours d’une enquête administrative, il lui a été reproché de n’avoir procédé à aucun interrogatoire, de ne pas avoir demandé à parler à la patiente… en résumé de ne pas s’être donné les moyens d’évaluer de façon satisfaisante la gravité de la situation.
Le fait que l’appel n’aurait pas dû lui être passé par le médecin régulateur hospitalier, comme le précisaient des directives alors en vigueur concernant les situations post-natales, a été inopérant pour sa défense.
Il a été souligné que fort heureusement, le médecin traitant a redressé la situation en faisant hospitaliser la patiente dès qu’il a connu les résultats des examens biologiques prescrits.
Missions et responsabilités du médecin régulateur libéral
Les missions
La responsabilité
Le médecin régulateur libéral exerce sous la responsabilité du médecin chef de la régulation et doit garantir une prise en charge efficace et sécurisée des appels.
Il est en première ligne pour la gestion des urgences médicales non vitales et doit utiliser les protocoles nationaux et locaux en vigueur.
Des formations sont proposées par le SAMU, comme le diplôme interuniversitaire de régulation médicale dans un centre de réception et de régulation des appels (CRRA) proposée par l’université de Nantes.