Qu’est-ce que l’HAD ?
"L’hospitalisation à domicile – HAD – est une hospitalisation à temps complet au cours de laquelle les soins sont effectués au domicile de la personne. L’HAD couvre maintenant l’ensemble du territoire national, et constitue désormais une des réponses à l’aspiration grandissante de la population à être soignée dans son environnement familier quand la situation le permet". (Source : Ministère des Solidarités et de la Santé)
L’HAD est donc une alternative à l’hospitalisation traditionnelle.
Ce sont des établissements de santé à part entière qui dispensent ces soins et sont soumis aux mêmes obligations que les établissements hospitaliers qui assurent l’hébergement des patients au sein de leurs locaux.
Pour ce faire, il convient de vérifier si le domicile du malade est compatible avec les besoins de soins, et évaluer les adaptations potentielles à réaliser pour permettre un niveau de sécurité suffisant pour le professionnel de santé et le patient dans un contexte unique.
Il convient pour faire cette évaluation de prendre en compte la complexité des actes de soins, leur fréquence et leur durée.
Une évaluation des risques professionnels obligatoire
Comme tout employeur, l’établissement de santé HAD doit réaliser un document unique d’évaluation des risques professionnels (DUER).
La méthodologie de construction de ce DUER reste la même, un temps d’échanges entre la direction de la structure ou ses représentants et les personnels soignants permet :
- d’identifier les risques auxquels sont confrontés les salariés ;
- de définir un niveau de criticité de ces risques de manière consensuelle, c’est-à-dire que le constat doit être partagé par tous (démarche de prévention des risques a priori) ;
- d’élaborer un plan d’actions de prévention ;
- d’organiser un suivi de ce plan d’actions et parallèlement vérifier par l’analyse des incidents ou accidents déclarés que le constat ne doit pas être complété si cela est nécessaire, avec les actions de prévention complémentaires (démarche de prévention a posteriori).
Il appartient à chaque structure de dérouler une dynamique spécifique d’identification des risques professionnels liés à leurs activités, mais de manière générale, nous retrouvons des familles de risques récurrentes que nous nous proposons d’aborder dans ce document de synthèse.
Les risques liés aux manutentions des malades
Les soignants ne sont pas épargnés par les troubles musculo-squelettiques (TMS) avec les atteintes habituelles de la charnière dorso-lombo-sacrée et les membres supérieurs.
L’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) précise que la survenue de maladies professionnelles et/ou accidents du travail est très souvent liée au manque d’adéquation des conditions de travail :
- difficultés de mise en œuvre des aides techniques dans des locaux inadaptés,
- inadéquation des équipements disponibles,
- difficultés à organiser le travail en binôme lors des mobilisations parfois complexes des malades,
- impossibilité d’aménager les logements (exiguïté, contexte des locations, complexité des démarches administratives pour obtenir les aides financières pouvant générer les travaux d’aménagement, …).
Le rôle des managers est donc primordial dans l’évaluation des conditions de travail, et dans la mise en œuvre, chaque fois que cela est nécessaire, des actions de prévention adaptées à chaque contexte que représente le domicile du malade. Ces actions ne sont pas toujours reproductibles d’une situation à l’autre…
Un guide proposé par l’INRS "Méthode d'analyse de la charge physique de travail" peut être une aide pour les professionnels de santé dans l’évaluation des situations de soins multiples.
Les risques liés au contexte infectieux potentiel du patient
Le contexte infectieux de chaque patient doit être pris en compte, et dans cette dynamique, les transmissions entre l’établissement assurant l’HAD et la structure qui adresse la malade est le postulat de départ pour bien anticiper les barrières de sécurité à mettre en œuvre.
Ces agents pathogènes sont multiples (virus, bactéries, parasites…) et conditionnent directement le mode de transmission : par contact, par voie respiratoire, par les liquides biologiques en cas de projection sur les muqueuses ou par piqûre…
De manière générale, il convient de considérer le malade comme porteur d’agents pathogènes et de fait de se protéger contre ces agresseurs potentiels.
Aussi, comme à l’hôpital, on se protège pour soi d’abord, et pour les autres patients que l’on prendra en charge ultérieurement.
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La mise en œuvre des "Précautions standard" comme recommandée par la Société Française d’Hygiène Hospitalière (SF2H) doit être observée.
Lorsque le statut infectieux du patient est connu (Bactérie Multi Résistante = BMR ou Bactérie Hautement Résistante Émergente = BHRE), la mise en œuvre des précautions complémentaires s’ajoute aux mesures standards pour une protection du soignant maximale.
Autre sujet en lien avec cette thématique, les accidents d’exposition au sang (AES) : une conduite à tenir ou procédure doit être connue de tous les professionnels en charge des patients.
En fonction de la zone géographique où ils interviennent, les coordonnées des établissements avec lesquels une convention est passée, sont mises à leur disposition pour une prise en charge rapide des soignants victimes d’un accident de ce type.
Les risques chimiques liés aux chimiothérapies réalisées à domicile
En préambule, il convient que les médicaments de chimiothérapie soient préparés-reconstitués en unité adaptée au sein d’une pharmacie agrée, généralement en structure hospitalière.
Les poches de traitement sont ensuite livrées à domicile avec des coursiers spécialisés.
La prise en charge des patients bénéficiant de certaines chimiothérapies en HAD présente de ce fait des risques moindres, puisque l’exposition à ces produits peut avoir lieu lors du branchement ou du débranchement du dispositif d’administration intraveineuse ou sous-cutanée.
Une vigilance reste de mise avec la manipulation du linge souillé et/ou des excréta du patient.
La fourniture des équipements de protection individuelle et leur utilisation conforme doit permettre une protection du soignant maximale.
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Les risques d’épuisement professionnel
Les managers doivent être particulièrement attentifs aux situations qui peuvent générer des facteurs contributifs à cette typologie de risques psychosociaux.
Une prise en charge dans un contexte d’HAD implique une pratique de soins très souvent en position isolée.
Le professionnel de santé peut être confronté à des difficultés diverses qu’il va devoir solutionner avec des moyens différents que ceux à sa disposition en établissement de santé conventionnel.
La qualité de la logistique fera toute la différence :
- La bonne connaissance des soins à délivrer, de l’état de santé du patient, et des objectifs fixés pour chaque prise en charge permettront une anticipation optimale.
- Le niveau de réactivité de la structure face aux imprévus constatés fera également la différence.
Un autre point d’attention doit être la gestion de la charge émotionnelle : se retrouver seul face à la détresse psychologique et/ou physique de certains patients n’est pas toujours simple à gérer (à l’hôpital, la dynamique "équipe" permet d’atténuer cette problématique).
La prise en compte de cette difficulté doit permettre de mettre en place des actions de prévention adaptées chaque fois que nécessaire.
Pour aller plus loin