Les précautions à prendre en cas de reprise de prothèse de hanche. Le point en images
Retranscription de la vidéo
Dr Chanzy, pourquoi ce point médico-légal sur les reprises de prothèses de hanche ?
"Les reprises de prothèses de hanche sont devenues des chirurgies fréquentes, banalisées avec des hospitalisations courtes et comme toutes chirurgies fonctionnelles les patients sont en attente d'un résultat fonctionnel excellent.
Or, il s'agit d'une reprise chirurgicale, donc les résultats attendus sont forcément moins bons que les chirurgies de première intention et, qui plus est, le patient est en état de vulnérabilité, insatisfait par la chirurgie de première intention, le rendant beaucoup plus exigeant.
Donc on se doit, lorsque l'on planifie une reprise de prothèse de hanche, d'avoir une stratégie médicale bien établie et une prise en charge médico-légale tout à fait parfaite."
Quelles sont vos recommandations pour éviter les mises en cause ?
"En préopératoire, il ne s'agit pas d'une chirurgie de première intention, c'est une chirurgie beaucoup plus compliquée avec beaucoup d'inattendus. Il faut donc établir une stratégie médicale qui repose sur une concertation multidisciplinaire, avec l'aide de chirurgiens spécialisés - dans la hanche en l'occurrence -, ou en consultant un centre de référence.
Cette concertation doit s'appuyer sur l'avis des anesthésistes, celui d'un infectiologue s’il s'impose, et tout cela doit naturellement être parfaitement tracé.
A cela s'ajoute, une nécessité d'information où l'on prévient le patient que l'on va faire en sorte que le résultat soit le plus satisfaisant possible mais que ce n'est pas une chirurgie de première intention, donc des séquelles fonctionnelles sont possibles.
En peropératoire, il faudra veiller à faire des prélèvements peropératoires après avis infectiologiques, pris si nécessaires. La HAS recommande cinq prélèvements. Dès lors que l'on fait des prélèvements peropératoires, on doit traiter son patient comme s'il était infecté avec une antibiothérapie à large spectre jusqu'à récupération des résultats.
Il faut toujours penser à l'antibioprophylaxie, le dosage, le type de molécule, après les prélèvements si ces derniers sont réalisés.
Tout cela est le fruit de la réflexion préopératoire.
En fin d'intervention, la radiographie doit nous interpeler si elle n'est pas satisfaisante.
Faire la politique de l'autruche ne nous permet jamais d'avoir un bon résultat. Quand ça ne va pas, ça ne va pas.
Deux solutions se présentent à nous :
- une reprise chirurgicale,
- ou savoir tout simplement passer la main, sans oublier pour autant de suivre son patient.
La période pré et peropératoire est très importante mais en postopératoire, il y a aussi certaines mesures de précaution à observer."
Avez-vous quelques recommandations après l'intervention ?
"La période postopératoire est très importante car c'est là que surviennent les éventuelles complications. Le suivi doit donc être très attentif.
Attention au suivi par voie numérique car souvent pourvoyeur de fausses réassurances.
Dès qu'un patient appelle, ne pas hésiter à le reconvoquer.
En postopératoire, il faut penser, en cas de défectuosité du matériel, à faire une déclaration matériovigilance.
En postopératoire, il faut penser aussi, à récupérer les prélèvements bactériologiques qui sont souvent oubliés sur des fax.
Donc cette période post-opératoire reste primordiale, avec un suivi clinique, un accompagnement dans la récupération fonctionnelle du patient qui doit rester d'actualité, tous les jours, avant la consultation de contrôle officielle."
Un mot pour conclure ?
"La réussite d'une reprise de prothèse de hanche allie à la fois :
- Compétence : une compétence multidisciplinaire.
- Humilité : savoir rester très confraternel sur l'échec du premier chirurgien car il ne manquera pas de se retourner vers nous en cas de procédure.
- Sérénité enfin : avec un plateau technique qui soit à disposition pour palier toutes les complications attendues et inattendues que l'on peut voir surgir techniquement lors de l'intervention chirurgicale."