Pourquoi les internes sont particulièrement exposés ?
En matière de santé mentale, les internes constituent une catégorie professionnelle sensiblement exposée… Du fait de leur statut, ces soignants sont concernés par les 6 facteurs de risque psycho-sociaux définis par l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) :
- intensité et temps de travail ;
- Exigences émotionnelles ;
- Manque d’autonomie ;
- Rapports sociaux au travail dégradés ;
- Conflits de valeurs ;
- Insécurité de la situation de travail.
Votre exposition à ces facteurs de risque tient à l’essence même de vos missions de soignant et à votre statut particulier. Encore étudiant et déjà « praticien », vous êtes tout à la fois soumis à la pression de devoir prendre des décisions médicales parfois difficiles, tout en étant placé sous autorité hiérarchique.
Responsabilités nombreuses, horaires à rallonge, garde, confrontation précoce à la souffrance et à la mort, difficulté à concilier vie personnelle et professionnelle sont autant de circonstances aggravantes.
À ce tableau, s’ajoutent aussi le syndrome du “toujours plus” propre aux étudiants en médecine et la pression d’un parcours académique extrêmement exigeant pour réussir dans la spécialité visée.
Internes en médecine : des chiffres qui doivent susciter l’attention
Sans surprise, cette réalité complexe et stressante se traduit par des données chiffrées laissant apparaître une situation inquiétante et, pour certains, susceptible de basculer.
L’édition 2024 de L’Enquête sur la santé mentale des étudiants en médecine vient confirmer la persistance de symptômes alarmants relevés dès 2021 chez les étudiants en médecine, avec 52% d’entre eux déclarant souffrir de symptômes anxieux, et 16% de dépression.
En outre, 66% des étudiants externes et internes indiquent avoir déjà traversé un burn-out. Aller plus loin avec l'article MACSF : burn-out des soignants >
Dans l’ensemble, ils sont 27% à avoir connu des épisodes dépressifs et 21% à avoir eu des idées suicidaires.
Cette fragilité psychologique peut avoir des répercussions sur votre pratique professionnelle. En tant qu'assureur des professionnels de santé, la MACSF constate que les soignants en situation de souffrance psychologique sont plus exposés aux risques médico-légaux. Stress, fatigue intense et troubles anxieux peuvent en effet altérer la prise de décision et augmenter le risque d'erreurs médicales. C'est pourquoi notre hotline médico-légale, accessible 24h/24 et 7j/7, vous accompagne dans la prévention de ces risques spécifiques. Nos médecins-conseils et juristes spécialisés sont à votre écoute pour vous orienter et vous conseiller en cas de difficultés.
Savoir identifier les signes d’alerte pour mieux prévenir
Face à ce constat, comment agir ?
Pour éviter que les « petits coups de mou » se transforment en « gros coups de moins bien », voire de burn-out, il est important d’être vigilant, attentif à votre état de santé et de faire preuve de lucidité.
Savoir reconnaître les signes d’alerte permet d’éviter de se laisser envahir par le stress, l’anxiété et de laisser s’installer le cercle vicieux de la dépression. En tant qu’étudiants en médecine, vous connaissez certainement ces signaux d’alerte, mais n’êtes peut-être pas assez à l’écoute de vous-même.
Pour parvenir à mener tout de front, vous êtes susceptible de laisser passer certains signes au risque de voir s’installer une situation plus grave. Soyez attentifs et réagissez en cas de :
- sensation de fatigue extrême conduisant à l’épuisement professionnel et d’un ressenti d’émotions exacerbées : anxiété, tristesse, irritabilité, hypersensibilité ;
- difficulté à se concentrer ;
- changement de comportement : repli sur soi, agressivité, ressentiment, baisse de l'empathie, addictions ;
- désinvestissement et dévalorisation de soi-même ;
- troubles physiques : troubles du sommeil, crampes, céphalées, vertiges, anorexie…
Quand s’inquiéter ?
Compte-tenu de votre emploi du temps, les baisses de régime sont inévitables. Pendant ces années difficiles de l’internat, votre corps et votre esprit sont fortement sollicités. Pour réussir, vous devez prendre le temps de vous écouter. Cela vous permettra de faire le bon diagnostic et de pouvoir faire la différence entre une baisse de moral passagère et un véritable état dépressif.
Réagissez à temps et ne laissez jamais se prolonger un état d’épuisement et/ou d’angoisse.
Savoir demander de l’aide
En cas de mal-être, de stress, d’angoisse, ne restez pas seul avec vos angoisses et difficultés. Faites l’effort de vous tourner vers d’autres pour vous faire aider. Parlez de votre état à un proche, un collègue, un tuteur bienveillant : c’est primordial !
Vous pouvez aussi vous tourner vers vos pairs, en faisant appel au soutien entre internes, aux réseaux de solidarité existants dans votre ville ou encore aux organismes suivants qui sauront vous orienter vers un professionnel à même de vous conseiller :
- Assistance psychologique des internes ;
- Association d’aide aux professionnels de santé et médecins libéraux (AAPML) n° Indigo : 0826 004 580 ;
- Médecin Organisation Travail Santé (MOTS) n°: 0608 282 589 ;
- Soins aux professionnels de santé (SPS) n° Vert : 0805 23 23 36.
En résumé
Face à vos difficultés, n'oubliez pas que certains de vos collègues, tuteurs et pairs sont des alliés précieux. Ils ont traversé ou traversent des expériences similaires aux vôtres et peuvent donc comprendre avec justesse ce que vous vivez. Leur expérience du terrain, leurs conseils et leur écoute bienveillante peuvent être autant de ressources pour vous aider à surmonter les moments difficiles.
Rappelez-vous que vous n'êtes pas seul : l'entraide entre internes peut être une force collective qui permet à chacun de grandir professionnellement tout en préservant sa santé mentale. N'hésitez pas à vous appuyer sur ce réseau de soutien naturel qui existe au sein de votre établissement.
Adopter les bonnes habitudes pour mieux vivre son internat
Pour réussir, vous devez prendre soin de vous et veillez à votre santé : essayez autant que possible de vous plier aux règles de base en matière d’hygiène de vie même si cela n’est pas toujours évident.
Cherchez à mettre en place et protéger un équilibre vie pro / vie perso qui vous convient.
Parmi les gestes qui font la différence, on peut notamment citer l’adoption de bonnes habitudes en matière de sommeil, d’alimentation et d’exercice physique. Même minimal, ce dernier sera positif.
Certes, vous avez peu de temps. Mettez-le à profit pour déconnecter avec des activités qui vous font du bien et vous détendent. Les exemples sont nombreux et varient selon les personnes : voir ses amis, sortir se promener, faire de petites sessions de méditation, de respiration douce ou même de yoga…
N’oubliez pas de penser à vous ! Devenir de bons soignants, ce n’est pas s’oublier, mais prendre soin de soi pour mieux aider vos patients.
La MACSF s'engage pour votre santé mentale
Sociétaires MACSF, votre assureur agit contre les troubles anxieux et dépressifs avec la mise à disposition de services destinés aux soignants pour lutter contre les situations de stress, d’épuisement psychologique et de dépression.
Avec l’assistance psychologique de la MACSF, disponible par exemple au sein des contrats mutuelle santé et prévoyance, vous bénéficiez sans frais d’un accompagnement : entretiens avec un psychologue et hotline accessible à tout moment.
Pour tout savoir sur l'assistance psychologique proposée par la MACSF, consultez notre article : L’assistance psychologique de la MACSF en 5 points clés >